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"Ne pas s'empêtrer", "finir le travail"... Si Trump hésite sur l'Iran, c'est parce que son clan est en train de se déchirer

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Depuis vendredi Donald Trump fait face à un dilemme: soutenir davantage Israël en entrant en guerre ou éviter à tout prix une implication directe. La situation fracture sa propre base.

Difficile de suivre le président américain. D’abord, il désapprouve toute intervention militaire israélienne en Iran, puis soutient les frappes. Un jour, il se dit prêt à continuer de négocier avec Téhéran sur le nucléaire. L’autre, il durcit le ton et met en garde l’Ayatollah Khamenei.

Donald Trump hésite, tâtonne. Et pour cause, si la tension est immense au Moyen-Orient, elle est aussi grande chez les Trumpistes. Ils se déchirent sur la suite à donner aux événements, sur l’approche à adopter.

Le locataire de la Maison blanche, seul à pouvoir stopper cette guerre, est littéralement pris entre deux feux au sein de son camp.

Ligne rouge

Jusqu’ici, Washington reconnaît seulement prendre part à la défense d'Israël. Mais Benjamin Netanyahu lorgne sur un soutien offensif. Seul le Pentagone dispose de la bombe anti-bunker qui pourrait porter le coup fatal au programme nucléaire iranien.

Et c’est là que rien ne va plus chez les MAGA. C’est la ligne rouge à ne pas franchir pour les isolationnistes. Une frappe américaine irait à l’encontre même, pour eux, du principe "America first" prôné depuis 10 ans.

Tucker Carlson, ex-animateur vedette de Fox News, longtemps soutien sans faille de Trump, s’insurge:

"Je ne veux pas que les États-Unis s'empêtrent dans une nouvelle guerre au Moyen-Orient qui ne servirait pas nos intérêts", dit-il.

Le ton est tellement monté entre les deux hommes ces derniers jours que Trump le qualifie désormais de "dingue".

Risque d'explosion

Une autre grande figure MAGA est montée au créneau. Il s'agit de Steve Banon. L’ancien stratège du président appelle à se souvenir des "erreurs" et des "mensonges" qui ont mené à la guerre en Irak en 2003. Une implication militaire américaine ferait, selon lui, "exploser" le clan trumpiste.

Ces personnalités MAGA s’opposent aux néoconservateurs sur le sujet. L'aile interventionniste des républicains, s’est certes réduite après les interventions en Afghanistan ou en Irak, mais elle est toujours influente.

Le mouvement chrétien évangéliste, notamment, fait pression pour un soutien américain direct à Israël. Parmi ses membres, le sénateur Lindsey Graham qui tentent de convaincre Trump que l'Iran étant affaibli, le moment est idéal pour "finir le travail".

"J’exhorte le président Trump à tout mettre en œuvre pour s’assurer qu’une fois cette opération terminée, il ne reste plus rien en Iran de son programme nucléaire. Si cela implique de fournir des bombes, fournissez-les."

Promesse de paix

Si la question est aussi délicate pour Donald Trump c'est qu'il s’est posé en "faiseur de paix" au moment de son élection.

"Nous rétablirons rapidement la stabilité au Moyen-Orient. Et nous ramènerons la paix dans le monde", avait-il déclaré lors de sa campagne.

Ses électeurs, en particulier les jeunes, ont été séduit par sa promesse de ne pas s’impliquer dans de nouvelles guerres.

Alors "isolationniste" ou "interventionniste"? Dans les jours, si ce n’est les heures, à venir Donald Trump pourrait révéler sa véritable orientation. Sa décision définira son mandat mais aussi son héritage politique. Certains estiment que c’est même le sort des Républicains en 2028 qui est en jeu.

Caroline Loyer