BFM Business
Défense

"Un mini-bus de 14 tonnes": c'est quoi la GBU-57, cette bombe anti-bunker que les Américains ont larguée sur les sites nucléaires iraniens?

placeholder video
Après des jours de flou autour d'une possible intervention, les États-Unis ont attaqué dimanche trois sites nucléaires de l'Iran, Donald Trump affirmant que les capacités d'enrichissement du pays étaient désormais "complètement détruites".

Ces dernières heures, des sites nucléaires iraniens ont été touchés par la seule arme capable de les détruire: la bombe anti-bunker GBU-57 (Guided Bomb Unit) aussi appelée GBU-57 MOP (Massive Ordnance Penetrator). Selon Donald Trump, des avions ont frappé trois des principaux sites nucléaires iraniens : Ispahan, Natanz et Fordo, sur lequel a été larguée une "charge complète de bombes".

"Pour que Fordo soit détruite par une bombe lancée du ciel, le seul pays au monde à posséder cette bombe, ce sont les États-Unis. Et c'est une décision que les États-Unis doivent prendre, qu'ils choisissent ou non de poursuivre dans cette voie", déclarait Yechiel Leiter dans une interview accordée à Merit TV lundi et citée par CNN.

Construite en violation des résolutions de l'ONU, l'installation souterraine de Fordo (centre) a été présentée par Téhéran comme une usine d'enrichissement d'uranium à taux élevé pouvant accueillir quelque 3.000 centrifugeuses. Israël n'est pas en mesure de frapper à une telle profondeur : seuls des avions américains sont capables de transporter des munitions assez pénétrantes pour le faire.

Le chef d’état-major interarmées des forces américaines, Dan Caine, a confirmé que des bombes anti-bunker de type GBU-57 ont été larguées. Ces ogives de 13,6 tonnes peuvent s'enfoncer jusqu'à 60 mètres de profondeur avant d'exploser, d'après l'armée américaine. Le locataire de la Maison Blanche a affirmé que l'armée américaine avait "totalement" détruit les capacités d'enrichissement nucléaires iraniennes.

"Comme si on larguait un mini-bus"

Ce type de bombe a été "développé (...) lors de la Seconde guerre mondiale lorsqu'il y avait des bases sous-marines allemandes le long de la côte atlantique française. Il fallait percer des quantités énormes de béton et donc il fallait des bombes particulières. C'est un savoir-faire particulier que les Américains ont développé depuis 1941-1942 et qui aujourd'hui se traduit par la fameuse bombe GBU mais il y en a d'autres", explique le général Jérome Pellistrandi, consultant défense BFMTV.

L'armée israélienne dispose déjà de bombes GBU mais pas de la version 57, six fois plus lourde que la génération précédente. Elle a également déjà utilisé des bombes anti-bunker BLU-109 de fabrication américaine, notamment lors de l'élimination du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, fin 2024. Mais la GBU-57 reste bien plus puissante. Cette bombe peut être guidée avec précision grâce à un système GPS mais ne peut être larguée que depuis les bombardiers B-2 et B-52 de l'armée de l'air américaine. Elle mesure 6,20m sur 80cm et dispose d'une charge explosive de 2,4 tonnes.

"C'est comme si on larguait un mini-bus" qui "va descendre à la verticale, guidée par GPS et va pénétrer profondément dans le sous-sol, à plusieurs dizaines de mètres" qui "n’explosera que lorsqu’elle est enfouie. Car la problématique c’est qu’une bombe n’explose que lorsqu’elle touche le sol, ça ne cause des dégâts qu'en superficie. Là, elle va pénétrer sous terre", détaille Jérome Pellistrandi.

Une arme pas suffisante pour détruitre les installations iraniennes

Est-ce toutefois suffisant pour détruire les installations nucléaires souterraines iraniennes? Les experts font preuve de prudence. D'abord parce que la profondeur exacte de ces sites n'est pas connue, certaines estimations évoquant 80 à 90 mètres quand d'autres parlent en centaines de mètres. Selon un rapport du think tank britannique Royal United Services Institute cité par CNN, la GBU-57 peut pénétrer jusqu'à une profondeur de 61 mètres.

"Le GBU-57/B aurait probablement besoin de plusieurs impacts au même point de visée pour avoir une bonne chance de pénétrer l'installation", juge le rapport.

"Je miserais sur des frappes répétées contre Fordo", a également déclaré auprès du média américain l'analyste militaire Cedric Leighton, ancien colonel de l'armée de l'air américaine. "Des frappes répétées pourraient fonctionner, mais ce n'est pas certain" a souligné de son côté Peter Layton, ancien officier de la Royal Australian Air Force, aujourd'hui membre du Griffith Asia Institute.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis avec AFP Journaliste BFM Eco