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Donald Trump au Royaume-Uni: banquet royal, hommage à Elizabeth II... À quoi va ressembler cette seconde visite d'État historique?

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Le président américain se rend au Royaume-Uni pour une seconde visite d'État après celle de 2019, un privilège que la Couronne n'avait accordé à aucun autre président américain. La rencontre avec Keir Starmer, sur fond de guerre en Ukraine, sera scrutée de près par les Européens.

Banquet royal à Windsor et entretien avec le Premier ministre Keir Starmer: le Royaume-Uni va dérouler le tapis rouge au président américain Donald Trump pour une visite d'État de deux jours, ce mercredi 17 et jeudi 18 septembre.

Il s'agira de la deuxième visite d'État au Royaume-Uni du locataire de la Maison Blanche et de son épouse Melania, une première pour un président américain. Lors de son premier mandat, Donald Trump avait été reçu en 2019 par la reine Elizabeth II, qui l'avait invité à Buckingham Palace et avait présidé un banquet en son honneur.

Banquet et hommage à Elizabeth II

Le couple Trump arrivera au Royaume-Uni dans la soirée du 16 septembre. Le lendemain, le président américain et son épouse se rendront à Windsor où ils seront accueillis par le prince de Galles William et son épouse, la princesse Kate.

Les deux couples rejoindront le roi Charles III et la reine Camilla qui accueilleront officiellement le dirigeant américain et son épouse, avant de rejoindre ensemble le château de Windsor en carrosse.

La procession s'achèvera dans la cour carrée, où une garde d'honneur effectuera le salut royal. Donald Trump et Charles III passeront les troupes en revue, avant un déjeuner auquel participeront plusieurs membres de la famille royale.

Dans l'après-midi, le président américain et son épouse iront se recueillir sur la tombe de la reine Elizabeth II dans la chapelle St George, puis assisteront à une cérémonie militaire et une parade aérienne, en présence également du Premier ministre Keir Starmer et de son épouse Victoria. La journée s'achèvera par le banquet d'État.

Jeudi, place à la politique: Donald Trump se rendra à Chequers, la résidence de campagne du Premier ministre britannique, pour un entretien avec Keir Starmer, puis une réception économique. Les deux dirigeants tiendront ensuite une conférence de presse.

"Trump Baby"

La première visite d'État de Donald Trump, en 2019, avait été marquée par des manifestations à Londres contre le président américain. Un ballon géant représentant un Donald Trump en couche-culotte, baptisé Trump Baby, avait survolé les environs du Parlement. Cette fois-ci, Donald Trump ne visitera pas la capitale, Windsor ayant été préféré comme lieu de réception à Buckingham Palace, en travaux.

Le ballon "bébé Trump" en juin 2019 à Londres.
Le ballon "bébé Trump" en juin 2019 à Londres. © Isabel Infantes

Donald Trump reste très impopulaire au Royaume-Uni, avec 16% seulement d'opinions favorables et 70% d'opinions défavorables, selon un sondage YouGov publié cet été. Les mesures de sécurité durant sa visite promettent d'être draconiennes. Le groupe Stop Trump Coalition a déjà annoncé une grande manifestation à Londres le 17 septembre.

La Chambre des Communes ne siègera pas pendant la visite de Donald Trump, en raison des conventions annuelles des partis politiques. De quoi soulager certains députés qui avaient déjà fait savoir qu'ils ne souhaitaient pas l'y voir. La Chambre des Lords sera quant à elle en activité.

"Adoration du président américain pour la pompe royale"

L'invitation de Charles III avait été rendue publique le 27 février, quand le Premier ministre britannique Keir Starmer avait remis au président américain, dans le bureau ovale de la Maison Blanche, une lettre du monarque, devant les caméras de télévision. Donald Trump, ravi de ce "grand honneur", en avait laissé voir le contenu, saluant en Charles III un "homme merveilleux".

Le quotidien The Times croit savoir que Keir Starmer a fait pression auprès de son roi pour qu'il invite Donald Trump afin de "capitaliser sur l'adoration du président américain pour la pompe royale", son goût pour l'étalage somptueux. Le président américain est particulièrement admiratif de la Couronne, comme l'était sa mère, née sur l'île de Lewis en Écosse et qui avait émigré aux États-Unis en 1930. Mais le palais avait des réserves, en raison des menaces de Donald Trump de faire du Canada, dont Charles III est le chef de l'État, le 51e État américain.

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Les visites d'État, événement rare qui demande jusqu'à un an de préparation, sont organisées à l'invitation du roi sur recommandation du gouvernement. Aucun président américain n'a jamais été invité pour une seconde visite d'État, même en cas de réelection. L'usage est qu'ils soient invités par le monarque pour un thé ou un déjeuner à Windsor, au cours de leur deuxième mandat. Comme cela avait été le cas pour Barack Obama ou George W. Bush.

Des tensions depuis le retour de Donald Trump

Si les deux pays continuent de mettre en avant leur "relation spéciale" (Special Relationship) née après-guerre, plusieurs incidents perçus comme des tentatives d'ingérences américaines ont eu lieu depuis le retour au pouvoir de Donald Trump.

Outre les velléités du républicain sur le Canada, toujours intégré au Commonwealth, les commentaires acerbes de son ancien conseiller Elon Musk sur le Premier ministre Keir Starmer ont été froidement accueillis outre-Manche. De même que la petite phrase du vice-président J.D. Vance sur les armées européennes qui n'auraient "pas fait la guerre depuis 30 ou 40 ans".

Lors de leurs discussions jeudi, Donald Trump et Keir Starmer devraient aborder le conflit en Ukraine, alors que Londres s'est rapprochée de l'Union européenne pour soutenir Kiev et proposer, via la Coalition des volontaires, des garanties de sécurité au pays assiégé par Vladimir Poutine.

Des discussions sur les barrières douanières sont également à prévoir, selon Politico. Dans la guerre commerciale lancée par l'ancien homme d'affaires, le Royaume-Uni a écopé de droits de douane unilatéraux de 10%. Mais est parvenu à éviter le doublement des taxes sur l'acier et d'aluminium, passées de 25% à 50% en juin dernier.

Pour Keir Starmer, la visite d'État arrive à un moment délicat. Son gouvernement a limogé l'ambassadeur britannique aux États-Unis, Peter Mandelson, en raison de ses liens avec le financier et criminel sexuel Jeffrey Epstein. Un revers pour le travailliste qui avait dans un premier temps soutenu ce vétéran du Labour, surnommé le "Prince des ténèbres".

Le Premier ministre, au plus bas dans les sondages, a également dû se séparer il y a quelques jours de sa vice-Première ministre, Angela Rayner, emportée par une affaire fiscale, ce qui a déclenché un remaniement de taille du gouvernement.

François Blanchard