"Donald Trump figure dans le dossier Epstein": tout comprendre au scandale de crimes sexuels dans lequel le président est cité par Elon Musk

Une photo de Ghislaine Maxwell avec Jeffrey Epstein - AFP PHOTO / US District Court for the Southern District of New York
Devant un chancelier allemand médusé, la guerre entre Donald Trump et Elon Musk a atteint de nouveaux sommets ce jeudi 5 juin. Après l'idylle pendant la campagne et les premiers mois du mandat du 47e président américain, la rupture est consommée entre les deux milliardaires, dont les échanges ont viré à une prise de bec à distance.
Alors que Donald Trump se désolait, auprès des journalistes présents dans le Bureau ovale, de la dégradation de leur relation, le patron de X répondait en direct sur son réseau social. Après avoir assuré que "Trump aurait perdu l'élection" sans lui et avoir accusé le président américain d'"ingratitude", Elon Musk a sorti l'artillerie lourde en "lâchant une grosse bombe".
"Donald Trump figure dans le dossier Epstein. C'est la véritable raison pour laquelle ils n'ont pas été rendus publiques", a-t-il affirmé, faisant référence à Jeffrey Epstein, le milliardaire qui s'est suicidé en prison en 2019 alors qu'il était inculpé pour exploitation sexuelle de mineures.
Avec ces allégations, l'homme le plus riche du monde a relancé les nombreuses théories autour de cette affaire, qui implique de nombreuses personnalités.
• Comment débute l'affaire?
En 1998, le financier américain achète Little Saint James, une île privée située dans les Îles Vierges britanniques. Cette île, surnommée "l'île de tous les péchés" sera au cœur du réseau d'exploitation sexuelle de mineures de Jeffrey Epstein, qui sera révélé vingt ans plus tard.
La première affaire Epstein remonte à 2008, quand l'Américain a été condamné à une peine aménagée de prison de 13 mois, selon un accord secret passé avec Alexander Acosta, à l'époque procureur fédéral en Floride, lui permettant d'échapper à des poursuites fédérales, alors qu'il risquait la prison à vie.
Il est alors accusé d'avoir, entre 2002 et 2005, fait venir des mineures dans ses résidences de Manhattan et de Palm Beach, en Floride, "pour se livrer à des actes sexuels avec lui, après quoi il leur donnait des centaines de dollars en liquide".
Alors qu'il descend de son jet privé, le 6 juillet 2019, le milliardaire est arrêté aux États-Unis par le FBI. Accusé d'être à la tête d'un vaste réseau de trafic de jeunes filles, le financier de 66 ans est inculpé deux jours plus tard pour exploitation sexuelle de mineures et association de malfaiteurs, passibles au total de 45 années d'emprisonnement.
Quand le scandale éclate, Alexander Acosta, désormais ministre du Travail de Donald Trump, sera poussé à la démission.
• Le financier a-t-il été jugé?
Dans l'attente de son procès, prévu en juin 2020, Jeffrey Epstein est incarcéré au Metropolitan Correctionnal Center, à Manhattan. Malgré une tentative intentée par ses avocats de sortie sous une caution de 100 millions de dollars et sous bracelet électronique, la justice décide de son maintien en détention.
Le 10 août 2019, vers 6h30 du matin, Jeffrey Epstein est retrouvé pendu dans sa cellule par des agents pénitentiaires. Malgré des tentatives de réanimation, le financier est déclaré mort. L'autopsie confirmera un suicide par pendaison, et la procédure le visant se termine de facto.
Le 2 juillet 2020, Ghislaine Maxwell, l'ex-compagne et ancienne collaboratrice d'Epstein accusée par plusieurs victimes présumées d'avoir aidé à les recruter, est arrêtée aux États-Unis, inculpée de trafic de mineures et placée en détention. Cette femme aujourd'hui âgée de 63 ans a été condamnée le 28 juin 2022 à 20 ans de prison.
• Quid des victimes?
Le 3 janvier 2024, une juge new-yorkaise révèle une liste de près de 200 noms impliqués dans le réseau de trafic sexuel de Jeffrey Epstein, de proches à complices présumés en passant par les victimes.
L'une d'entre elles, principale plaignante de l'affaire, va devenir le symbole de ce réseau d'exploitation sexuelle sur des mineures. Virginia Giuffre, une Américano-australienne, avait accusé le milliardaire américain, de l'avoir utilisée comme "esclave sexuelle" au tournant des années 2000.
Elle avait relaté sa rencontre avec Ghislaine Maxwell, alors compagne de Jeffrey Epstein, à l'été 2000, à l'âge de 16 ans, pendant un job d'été à la résidence Mar-a-Lago, propriété de Donald Trump en Floride.
Dans un récit similaire à d'autres victimes, Virginia Giuffre avait expliqué qu'elle était trop fragile pour s'opposer aux massages d'Epstein, qui s'étaient rapidement transformés en abus, elle qui avait déjà été victime d'agressions sexuelles et avait fugué plusieurs fois dans son enfance. En avril 2025, à 41 ans, Virginia Giuffre s'est donné la mort, chez elle, en Australie.
• Quelles sont les personnalités citées dans les documents déclassifiés?
L'affaire Epstein, qui continue de connaître régulièrement des rebondissements, a éclaboussé de nombreuses personnalités publiques, impliquant jusqu'à la famille royale britannique. Jeffrey Epstein, qui avait une vie mondaine partout dans le monde, côtoyait des stars internationales, du monde artistique et politique.
Le cas le plus marquant est celui du prince Andrew, fils de la reine Élisabeth II. Proche de l'Américain, le prince avait démenti "catégoriquement", le 17 novembre 2019 à la télévision britannique, les accusations d'agressions sexuelles de Virginia Giuffre, qui était alors mineure.
Cette dernière avait conclu en 2022 un accord de plusieurs millions de dollars avec le frère du roi Charles III, qu'elle accusait d'agression sexuelle quand elle était mineure. Andrew a toujours nié les accusations et avait évité un procès à New York en lui versant plusieurs millions de dollars.
Trois jours après son démenti, le prince a mis "fin à ses engagements publics" et demeure jusqu'à aujourd'hui paria au sein de la famille royale.
Début janvier 2024, des dizaines de documents judiciaires relatifs à l'affaire Jeffrey Epstein, jusqu'alors classifiés, ont été rendus publics dans le cadre d'une procédure en diffamation intentée par Virginia Giuffre contre Ghislaine Maxwell.
Ils dévoilent les noms, qui circulaient déjà dans la presse de Donald Trump, Bill Clinton, Michael Jackson ou encore Stephen Hawking. Mais sans que des faits répréhensibles leur soient reprochés.
L'ex-président Bill Clinton est par exemple accusé d'avoir voyagé plusieurs fois à bord du jet d'Epstein, surnommé le "Lolita express", car des jeunes femmes montaient régulièrement à bord. Le démocrate reconnaît quelques voyages, mais nie avoir participé au "système" Epstein.
• Et Donald Trump dans tout ça?
Ce sont donc les déclarations d'Elon Musk qui ont relancé les théories sur les liens entre Donald Trump et Jeffrey Epstein. En juillet 2019, quelques jours après l'arrestation du milliardaire, une vidéo datant de 1992 ressurgit des archives de la chaîne NBC.
Sur ces images, les deux milliardaires festoient à Mar-a-Lago. Les deux hommes, côté à côte, regardent des femmes danser sur la piste de danse. Donald Trump semble commenter la scène, provoquant l'hilarité de son invité.
Donald Trump, lui, a toujours nié avoir passé du temps dans la propriété d'Epstein sur son île privée Little Saint James, où il se livrait à son trafic sexuel. Selon des enquêtes de médias américains, malgré ses dénégations, Donald Trump aurait voyagé à bord du jet de Jeffrey Epstein au moins sept fois. Et les deux hommes ont participé aux mêmes soirées dans les années 1990.
Au début des années 2000, le futur président américain, qui était le voisin d'Epstein en Floride et à New York, avait qualifié le financier comme étant un "type formidable".
"C'est très amusant d'être avec lui. Il se dit même qu'il aime les belles femmes autant que moi, et beaucoup d'entre elles sont très jeunes", avait-il déclaré à l'époque.
Après son arrestation, celui qui était alors 45e président des États-Unis, avait changé de ton: "Je l'ai connu il y a 15 ans. Je n'étais pas un fan de Jeffrey Epstein. Ce n'est pas quelqu'un que je respectais".
Alors que les partisans du président républicain, férus de théories conspirationnistes, affirment que des personnalités proches d'Epstein ont vu leur rôle dans ses crimes sexuels dissimulés - sans toutefois jamais citer Trump -, aucune source officielle n'a jamais confirmé que le président apparaissait dans l'un des documents classifiés.
Avant sa réélection, Donald Trump avait affirmé qu'il n'aurait "aucun problème" à rendre publics les dossiers relatifs à Epstein. Une promesse que son administration n'a pas tenue. De quoi relancer les théories.