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États-Unis

Des accusations de maltraitance sur des pandas attisent le sentiment anti-américain en Chine

Les pandas Mei Xiang (g) et Tian Tian (d) au zoo de Washington (Etats-Unis)

Les pandas Mei Xiang (g) et Tian Tian (d) au zoo de Washington (Etats-Unis) - Ann BATDORF © 2019 AFP

Sur les réseaux sociaux chinois, les fausses accusations de maltraitance envers les pandas, dans des zoos américains, se multiplient.

Ces derniers mois, des accusations de maltraitance de panda au sein des zoos américains ont envahi les réseaux sociaux chinois. Ces infox, amplifiées par les influenceurs selon les spécialistes, viennent entacher la "diplomatie du panda" de Pékin.

Symbole d’alliance, cette technique politique, utilisée depuis des décennies par le gouvernement chinois, consiste à offrir ces animaux à d'autres pays en signe d'amitié.

La chine en proie à la désinformation

Une vidéo virale circulant sur plusieurs plateformes chinoises comme Weibo et Douyin a relayé la thèse selon laquelle la femelle panda Mei Xiang aurait été maltraitée par le zoo Smithsonian de Washington, victime de dizaines d'inséminations artificielles douloureuses. Une campagne passionnée s'est ensuivie pour qu'elle soit "sauvée" et ramenée en Chine.

Le zoo américain n'a pas souhaité commenter cette campagne, mais selon les journalistes de fact-checking de l'AFP, la vidéo datant en réalité de 2015 montre en fait un panda mâle subissant un bilan de santé et un prélèvement à Singapour.

Sur ces mêmes plateformes chinoises, une image prétend également montrer le compagnon de Mei Xiang, Tian Tian, sous sédatifs et immobilisé pendant un examen. Mais là encore, il s’agit d’un panda de la province chinoise du Fujian pendant un examen en 2005, selon le laboratoire de recherche numérique de l'Atlantic Council (DFRLab).

Nationalisme et méfiance

Selon le le laboratoire de recherche numérique de l'Atlantic Council ces fausses informations sur les pandas trouvent leur source profonde "dans le nationalisme chinois et la méfiance à l'égard de l'Occident".

"La détérioration des relations entre les États-Unis et la Chine se répercute désormais dans le discours chinois", note ce laboratoire dans un rapport.

Fin septembre, des journalistes de l'AFP à Washington ont vu Mei Xiang et Tian Tian dévorant paisiblement des friandises dans leur enclos. Le zoo organisait alors une grande fête, le "Panda Palooza", pour faire ses adieux aux deux mammifères et à leur petit, Xiao Qi Ji, qui repartiront en Chine en décembre à la fin du contrat de prêt avec Pékin.

Un autre panda, Ya Ya, envoyé en Chine par le zoo de Memphis en avril, a lui aussi été au centre d'une furieuse campagne de désinformation au sein du pays. Le zoo a ainsi été accusé, sans preuve, d'avoir causé la mort de Le Le, le compagnon de Ya Ya. Des internautes ont affirmé que les gardiens du zoo avaient poignardé le panda et vendu ses yeux.

Le zoo a vigoureusement démenti cette campagne de "désinformation", soutenu par l'Association chinoise des jardins zoologiques qui a assuré que les pandas de Memphis étaient "traités de façon excellente".

Le quotidien d'État chinois Global Times a attribué cette controverse sur Ya Ya auxmauvaises relations sino-américaines.

"Si cela ne s'était pas produit à un moment où Washington intensifie sa politique d'endiguement et ses mesures hostiles contre la Chine, cette affaire n'aurait pas suscité un tel émoi", notait-il dans un éditorial en mars.

Aux États-Unis, les observateurs estiment que Pékin tolère, voire encourage, le sentiment anti-américain.

Suspension des échanges de panda aux États-Unis

"La désinformation sur le traitement des pandas est un moyen commode d'attiser ces flammes", indique à l'AFP Isaac Stone Fish, directeur général de Strategy Risks, une société d'analyse de données spécialisée sur la Chine.

Elle a provoqué des appels à suspendre les échanges de pandas avec les États-Unis, l'un des rares domaines de coopération qui subsiste entre les deux pays.

Les zoos de San Diego et d'Atlanta ont déjà rendu leurs pandas ou doivent les rendre à la Chine d'ici 2024. Sans extension ou nouveau prêt, les zoos américains risquent de ne plus avoir un seul spécimen pour la première fois depuis 50 ans.

"Cette campagne est particulièrement triste au vu du rôle crucial de la diplomatie du panda dans la promotion de relations positives entre la Chine et l'Occident", déplore auprès de l'AFP Darren Linvill, professeur à l'université de Clemson.

Pour l'expert, il s'agit d'"un symptôme malheureux de l'état actuel des relations entre les deux puissances".

O.E. avec AFP