Baltimore: la police disperse les manifestants au gaz au poivre

Un manifestant fait face aux forces de police, sous les nuages de gaz au poivre, le 28 avril, à Baltimore. - Andrew Burton - Getty Images North America - AFP
Même si la soirée a été moins agitée que la veille, la situation s'est tendue à nouveau dans la nuit de mardi à mercredi à Baltimore, dans l'Etat du Maryland. La police est intervenue en tirant du gaz au poivre peu après l'entrée en vigueur du premier couvre-feu, à 22 heures (4 heures du matin, heure de Paris) pour disperser plusieurs dizaines de manifestants qui ont bravé l'interdiction.
"Les policiers ont désormais utilisé des bombes au poivre face à une foule agressive", a annoncé la police de Baltimore sur son compte Twitter, après avoir indiqué que des individus "lancent des objets" aux officiers.
Selon la police, un incendie a également été allumé par des "criminels" devant une bibliothèque. Plusieurs chaînes de télévision, dont CNN, ont évoqué le tir de fumigènes ainsi que de balles en plastique.
Couvre-feu non respecté
Plusieurs dizaines de personnes se trouvaient toujours dans les rues de Baltimore à 22 heures. Des milliers de militaires et de policiers ont été déployés mardi soir en amont du couvre-feu d'une semaine, établi au lendemain de violentes émeutes.
Pendant les minutes précédant ce couvre-feu en vigueur jusqu'à 5 heures locales, des policiers ont sillonné la ville en voitures de patrouille avec des porte-voix, et même un hélicoptère avec un haut-parleur, pour prévenir de l'imminence de cette mise en place.
Mais malgré les nombreux appels des autorités à regagner leur domicile, des groupes de manifestants ont défié mardi soir des rangées de policiers en protection anti-émeutes, debout derrière leurs boucliers. La police a averti qu'elle arrêterait toute personne dehors, sauf pour des raisons professionnelles ou médicales.
De très jeunes émeutiers
Critiquée pour son inaction au cours de la journée et la soirée de lundi, la police de la ville a expliqué n'avoir pas réagi davantage "parce qu'il s'agissait de jeunes de 14, 15 ou 16 ans". La vingtaine de policiers blessés au cours des affrontements sont désormais sortis de l'hôpital, et environ 250 personnes ont été arrêtées depuis le début des incidents.
Les autorités ont par ailleurs appelé les parents à surveiller leurs enfants. Une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux et dans les médias, mardi, montre une mère houspillant et giflant son fils pour qu'il enlève la cagoule avec laquelle il avait pris part aux émeutes. "C'est mon seul fils et je ne veux pas qu'il finisse par devenir un Freddie Gray", a-t-elle expliqué à des médias.
Des violences révélatrices, pour Obama
Barack Obama a condamné les violences qui ont enflammé la ville du Maryland, mais admis qu'elles étaient révélatrices d'une crise latente entre la jeunesse noire du pays et la police. "Nous avons vu trop d'exemples d'interactions entre la police et (...) des gens, surtout des Afro-américains, souvent pauvres, qui soulèvent des questions troublantes", a déclaré le président des Etats-Unis.
Il a exhorté la police et la communauté noire à "l'introspection" après plusieurs faits divers où des Noirs non armés ont été tués par des policiers blancs. Ces drames avaient provoqué des manifestations qui ont viré parfois aux émeutes, notamment à Ferguson, dans le Missouri.
Des violences ont éclaté lundi juste après l'inhumation d'un jeune homme noir, Freddie Gray, 25 ans, mort quelques jours plus tôt dans des circonstances encore inexpliquées alors qu'il était détenu par la police. Un drame qui a exposé une nouvelle fois la méfiance entre la communauté noire et la police.