Etats-Unis: qu'est-ce que le discours sur l'état de l'Union?

Barack Obama prononce son discours sur l'état de l'Union, le 20 janvier 2015, au Capitole. - AFP
Ce mardi soir, le président américain Barack Obama va prononcer le dernier discours sur l'état de l'Union de son mandat. Face au Congrès réuni au grand complet, le président des Etats-Unis va s'atteler à mettre en valeur son bilan, mais aussi à livrer sa vision de l'Amérique. Mais au fait, qu'est-ce que le discours sur l'état de l'Union? BFMTV.com fait le point.
D'où vient cette tradition?
C'est le premier président des Etats-Unis, George Washington, qui a inauguré cette tradition. Considéré comme l'un des pères fondateurs de l'Union, il prononça son discours le 8 janvier 1790 à New York, à l'époque la capitale américaine, où siégeait le Congrès.
Abandonnée en 1801 par Thomas Jefferson, qui n'aimait pas trop s'exprimer en public à cause de son zézaiement et qui jugeait l'exercice trop proche du discours du Trône en Angleterre, la tradition a été relancée en 1913 par Woodrow Wilson.
A quoi ça sert?
- Hérité de l'article II de la Constitution américaine, selon lequel le président doit "informer de temps en temps le Congrès" sur l'état de l'Union, cet exercice a un objectif: présenter au pouvoir législatif les grandes orientations que le président compte donner à sa politique pour l'année à venir. Depuis Harry Truman en 1947, ce temps fort de la politique américaine est retransmis à la télévision.
Depuis, les présidents savent que cette grand-messe offre une occasion en or de "vendre" leur programme non seulement aux parlementaires, mais à tous les Américains. Dans les années 60, Lyndon Johnson avait eu l'idée de prononcer son discours en début de soirée, et non en plus en milieu de journée, s'assurant ainsi une audience maximum.
Une cérémonie bien réglée
Préparé des mois à l'avance et relu par une armada de conseillers, le discours du président est prononcé à la Chambre des représentants, en présence de ses membres, mais aussi des sénateurs, de la Cour suprême, du cabinet ministériel et du corps diplomatique.
Le cérémonial autour du discours sur l'état de l'Union est une machine bien réglée. La coutume veut que les démocrates soient installés à droite et les républicains à gauche. Pendant le discours, les membres du parti au pouvoir applaudissent généralement à tout rompre, alors que les sifflets remontent bruyamment du camp adverse.
Le choix des invités, une affaire de symbole
- C'est l'ancien acteur Ronald Reagan qui a contribué à faire de ce rendez-vous annuel le véritable show qu'il est devenu: il décide d'inviter au Capitole des personnalités, des "héros" américains ou étrangers, célèbres ou anonymes, dont la popularité est censée rejaillir sur le président.
Mais le choix des invités sert aussi à mettre en valeur les priorités du président. Cette année, un réfugié syrien ayant fui les bombardements du régime de Bachar al-Assad fera partie des invités d'honneur dans la loge de la Première dame, Michelle Obama. Une façon pour le président de moucher les élus républicains qui refusent d'accueillir des réfugiés syriens sur le sol américain.
Enfin, un siège sera aussi laissé vacant pour rendre hommage à tous les Américains morts par armes à feu. Déterminé à mieux encadrer les ventes d'armes, Barack Obama vient d'annoncer une série de mesures en court-circuitant le Congrès.
Le saviez-vous?
Le premier discours sur l'état de l'Union, prononcé par George Washington en 1790, fut aussi le plus court de l'Histoire, avec 1.089 mots au total. A l'inverse, le plus long discours fut prononcé par Harry Truman en 1946, avec plus de 25.000 mots.
- C'est lors d'un discours sur l'état de l'Union de George W. Bush, le 29 janvier 2002, qu'est né le fameux slogan "axe du mal", rhétorique néo-conservatrice qui servira de base à la guerre en Afghanistan à l'intervention en Irak.
En 1994, une mauvaise version du discours fut introduite dans le téléprompteur, forçant Bill Clinton à broder pendant quelques minutes.