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Amérique du Nord

Etats-Unis: la justice suspend l'autorisation d'imprimer des armes en 3D

Les plans permettent d'imprimer en 3D de vraies armes. (Image d'illustration)

Les plans permettent d'imprimer en 3D de vraies armes. (Image d'illustration) - AFP

Plusieurs procureurs ont saisi le tribunal de Seattle pour s'opposer à l'autorisation accordée à une entreprise de procurer des plans téléchargeables d'armes à feu. Malgré cette décision de justice, le dirigeant de la société a indiqué avoir déjà mis ces plans en ligne.

C'est une petite victoire pour les Américains qui réclament une meilleure réglementation des armes à feu. La justice américaine a temporairement suspendu mardi la mise en ligne de plans numériques permettant de fabriquer des armes à l'aide d'une imprimante 3D. Le fond du dossier sera examiné le 10 août.

Saisi lundi en urgence, un tribunal fédéral de Seattle a fait droit à la demande des procureurs de huit Etats américains et de la capitale fédérale Washington, qui voulaient empêcher l'accès à ces plans. Les procureurs visaient Defense Distributed, un groupe américain, qui avait obtenu, du gouvernement fédéral, fin juin au terme d'une bataille judiciaire l'autorisation de mettre en ligne des schémas numériques permettant de fabriquer depuis chez soi une arme à partir d'une imprimante 3D.

Les plans déjà en ligne

Dans un pays où environ 30.000 personnes meurent chaque année à cause d'armes à feu, des procureurs s'étaient élevés contre cette autorisation. "Il est simplement fou de donner aux criminels les outils pour imprimer en 3D des armes intraçables et indétectables rien qu'en appuyant sur un bouton", s'est insurgée Barbara Underwood, procureure de l'Etat de New York, qui s'est jointe à la procédure devant la justice.

Pourtant, malgré la procédure engagé contre cette autorisation, le fondateur de Defense Distributed a déclaré qu'il avait déjà publié les plans sur internet. Officiellement, la mise en ligne des programmes d'instruction devait intervenir le 1er août. Mais Cody Wilson a indiqué mardi au magazine Wired qu'il avait déjà publié les schémas le 27 juillet. Et, selon la revue, ils ont déjà été "téléchargés des milliers de fois". "L'âge des armes téléchargeables commence réellement", promet le site du groupe, fondé par Cody Wilson, un libertarien âgé de 30 ans.

Trump a saisi la NRA

Donnant un aspect politique à l'affaire, la vingtaine de procureurs d'Etat ont également écrit à l'administration Trump pour dénoncer l'accord passé avec Defense Distributed, qu'ils considèrent comme "profondément dangereux" et de nature à "avoir un impact sans précédent sur la sécurité publique". Plus surprenant, Donald Trump lui-même a semblé s'opposer à ce nouveau moyen de s'armer. "Je me penche sur cette affaire d'armes en plastique en 3D vendues au grand public. J'ai déjà parlé à la NRA, cela ne semble pas faire grand sens", a-t-il indiqué mardi sur Twitter. 

Le décalage entre le tweet du président et l'accord passé par son administration n'a pas manqué de faire tiquer l'opposition démocrate, déjà majoritairement favorable à davantage de contrôle. "En effet, ça ne fait pas grand sens. Et ça ne fait pas grand sens que VOTRE ministère de la Justice et VOTRE département d'Etat aient autorisé la mise à disposition du public d'armes imprimables en 3D", a commenté Ed Markey, sénateur du Massachusetts.

J.C. avec AFP