Barack Obama pourrait faire libérer la lanceuse d'alerte Chelsea Manning

Chelsea Manning a été condamnée à 35 ans de prison pour avoir transmis 700.000 documents confidentiels à Wikileaks. D'après des médias américains, son nom figure sur la liste des personnes qui pourraient être graciées par Barack Obama avant qu'il ne quitte la Maison Blanche.

Elle pourrait être libérée. D'après NBC News, citant une source du Département américain de la justice, reprise par plusieurs médias américains, Chelsea Manning, qui purge actuellement une peine de 35 ans de prison, figurerait sur la short-list des possibles grâces présidentielles de Barack Obama.

Le président américain, qui a déjà commué les peines de près de 1.200 personnes, devrait prononcer plusieurs ultimes grâces présidentielles avant de quitter ses fonctions. Dans le cas de Chelsea Manning, il pourrait changer sa peine en la réduisant aux années qui ont déjà été purgées. Elle serait alors libérable. 

Placée à l'isolement

Analyste militaire âgée de 29 ans, la lanceuse d'alerte a été condamnée pour avoir transmis en 2010 700.000 documents classifiés à Wikileaks. Incarcérée depuis 2013 dans une prison militaire pour hommes du Kansas, elle a fait deux tentatives de suicide derrière les barreaux au cours de l'année passée, ainsi qu'une grève de la faim.

Placée depuis six ans à l'isolement, elle dénonce notamment le refus des autorités de la laisser subir les opérations de réassignation qu'elle souhaite effectuer dans le cadre de sa transition. Elle suit un traitement hormonal et a l'autorisation de porter des vêtements féminins, mais d'après ses défenseurs, elle ne bénéficie pas d'un suivi médical suffisant, et l'armée ne reconnaît pas son nouvel état civil. 

Condamnée plus sévèrement que d'autres lanceurs d'alerte

Au moment de son procès, la lanceuse d'alerte avait plaidé coupable devant la cour et présenté ses excuses, avant d'annoncer sa volonté de changer de genre au lendemain du verdict. Elle a été condamnée à environ 10 ans de plus que les lanceurs d'alerte jugés à la même époque. Pour beaucoup, la peine prononcée à son encontre est excessive.

"J'ai représenté des meurtriers. J'ai représenté des violeurs. J'ai représenté des pédophiles. Et aucun d'entre eux n'a été condamné à 35 ans", explique son avocat, David Coombs, à NBC News.

"Je crois vraiment que la juge sentait qu'elle avait besoin de faire passer un message. Elle (Chelsea Manning, ndlr) a été d'une certaine manière le bouc émissaire d'Edward Snowden", souligne sa tante, citée par le média américain. Le scandale provoqué par Edward Snowden, ancien technicien de la CIA passé par la NSA, est en effet survenu à l'époque où Chelsea Manning a été jugée.

Edward Snowden en appelle à Barack Obama

Comme l'expliquent quatre ex ou actuels membres des renseignements militaires à NBC News, les documents révélés par Chelsea Manning n'ont pas d'importance comparable avec ceux transmis par Edward Snowden, dont certains étaient classés Top secret. Edward Snowden, exilé en Russie et présenté par Donald Trump comme un "traître", a d'ailleurs apporté son soutien à Chelsea Manning sur Twitter, en s'adressant à Barack Obama.

"Monsieur le président, si vous n'accomplissez qu'un seul acte de clémence alors que vous vous apprêtez à quitter la Maison Blanche, s'il vous plaît: libérez Chelsea Manning. Vous seul pouvez lui sauver la vie", a-t-il écrit. 

"Je suis très honorée"

Dans une lettre publiée le 13 novembre dernier et citée par le New York Times, Chelsea Manning demandait à Barack Obama de faire un geste pour elle avant de quitter ses fonctions. Elle affirmait ne pas demander de "grâce", mais une réduction de peine aux six années déjà servies, ou un transfèrement vers une autre prison. Une pétition lancée au mois de décembre et demandant sa libération a recueilli plus de 117.000 signatures. 

Sur son compte Twitter, Chelsea Manning a réagi elle-aussi à ces informations relayées par la presse américaine.

"Merci beaucoup à tous. Je suis très honorée. >Bisous<", écrit-elle.

Comme le précise le Guardian, n'ayant pas accès à internet depuis la prison, Chelsea Manning poste parfois des messages qu'elle transmet par téléphone à ses soutiens, qui les écrivent et les publient pour elle via son compte. 

Charlie Vandekerkhove