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Amérique du Nord

Au Texas, une élue propose de pénaliser la masturbation masculine pour défendre l'IVG

Une manifestation en faveur du Planning familial le 10 février 2017 à Chicago

Une manifestation en faveur du Planning familial le 10 février 2017 à Chicago - Scott Olson-AFP

Une élue démocrate a proposé que toute "éjaculation en dehors d'un centre médical ou d'un vagin" soit sanctionnée d'une amende. Car c'est "une entrave à la préservation du miracle de la vie", assure Jessica Farrar, dénonçant ainsi les arguments des militants anti-avortement, qui souhaitent faire supprimer le droit à l'IVG.

Elle veut pénaliser les hommes qui se masturbent. Afin de dénoncer les politiques de plus en plus restrictives pour les femmes souhaitant avorter, une élue démocrate du Texas a opté pour l'ironie. Jessica Farrar déposé un projet de loi la semaine dernière proposant de sanctionner d'une amende de 100 dollars, soit 93 euros, toute "émission masturbatoire non régulée".

"Une éjaculation en dehors d'un centre médical ou d'un vagin (…) sera considérée comme un acte venant à l'encontre d'un enfant non-né, une entrave à la préservation du miracle de la vie", dénonce sa proposition de loi, moquant et détournant les arguments des militants anti-avortement.

"Nous ne pouvons gâcher aucune semence"

Le projet de loi HB 4260, intitulé "Man's Right To Know Act", prévoit de "réguler la santé et la sécurité des hommes". Jessica Farrar propose également la vasectomie obligatoire - avec délai de réflexion et toucher rectal - pour toute délivrance de Viagra, et la possibilité pour les médecins d'invoquer "leurs croyances personnelles, morales ou religieuses pour refuser" une telle prescription.

Au Texas, une femme qui souhaite avorter doit subir une échographie trans-vaginale et écouter le cœur de l'embryon. "Ça n'a rien à voir avec la santé de la personne souhaitant subir une IVG. Il s'agit pour l'État de chercher à la guider dans son choix", a-t-elle dénoncé pour le site My San Antonio

"Si nous prenons toutes ces mesures au nom du caractère sacré de la vie, alors nous ne pouvons gâcher aucune semence", ironise-t-elle sur la BBC

Une initiative pour "éveiller les consciences"

Pour Jessica Farrar, son initiative est loin d'être une plaisanterie. "Beaucoup de gens trouvent ce texte amusant. Ce qui n'est pas drôle, ce sont les obstacles auxquels sont confrontées chaque jour les femmes au Texas, des obstacles (...) qui leur rendent l'accès aux soins très difficile", a-t-elle indiqué à MySanAntonio.com.

Son texte n'a aucune chance d'être adopté, la Chambre des représentants texane étant à majorité républicaine, mais elle espère que son initiative "éveillera les consciences".

Le Texas remet régulièrement en cause le droit à l'IVG. En 2011, cet État particulièrement conservateur du sud des Etats-Unis avait approuvé une série de lois pour limiter l'avortement, comme de réduire des deux tiers le budget alloué aux plannings familiaux. La commission sénatoriale du Texas a proposé début mars un texte qui permettrait aux médecins de mentir aux femmes enceintes et de ne pas leur donner toutes les informations sur l'état de santé du fœtus, et donc de leur cacher un possible handicap.

Des funérailles après un avortement

En décembre dernier, le Texas avait décidé d'imposer des funérailles à chaque fois qu'une femme interrompt une grossesse. "L'État interdit aux hôpitaux, aux cliniques qui procèdent aux avortements et aux autres établissements de soins de se débarrasser des restes fœtaux dans les décharges sanitaires, en autorisant seulement la crémation ou l'inhumation de tous les restes", expliquait une journaliste du Texas Tribune.

Quelques jours après son investiture, Donald Trump a pris un décret pour interdire le financement d'ONG étrangères soutenant l'avortement. Ce décret prévoit que les fonds fédéraux d'aide internationale ne peuvent être alloués à des ONG étrangères qui pratiquent l'avortement ou militent pour le rendre légal. Une mesure prise au lendemain de l'anniversaire de "Roe V. Wade", l'arrêt emblématique de la Cour suprême qui avait légalisé l'avortement en 1973.

Céline Hussonnois-Alaya