Venezuela: après un week-end de vives tensions, la pression internationale monte sur Maduro

Tensions à la frontière entre la Colombie et le Venezuela, le 24 février 2019 - Federico Parra / AFP
Samedi, des troubles ont éclaté aux frontières avec la Colombie et le Brésil, où les manifestants exigeaient l'entrée dans le pays de convois d'aide humanitaire, annoncés par le président vénézuélien par intérim Juan Guaido. Deux civils ont trouvé la mort au cours des affrontements et plus de 300 personnes ont été blessées. Une centaine de militaires et policiers ont par ailleurs déserté et sont passés en Colombie, a indiqué le service des migrations
La tension a baissé dimanche aux frontières du Venezuela mais la pression internationale monte sur le régime de Nicolas Maduro. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé "au calme" dans la crise vénézuélienne, demandant dans un communiqué "à tous les acteurs de réduire les tensions et de tout faire pour éviter l'aggravation" de la situation. Il a insisté sur la nécessité "d'éviter la violence à tout prix" et de bannir le recours "à la force létale quelles que soient les circonstances".
Qualifiant sur la chaîne CNN le président socialiste vénézuélien de "pire du pire des tyrans", le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo s'est dit "certain que, grâce aux Vénézuéliens, les jours de Maduro sont comptés".
Le Groupe de Lima, créé en 2017 et composé de 14 pays du continent majoritairement hostiles à Nicolas Maduro, se réunira lundi à Bogota en présence du vice-président américain Mike Pence. Le représentant du président vénézuélien autoproclamé Juan Guaido, le député d'opposition Julio Borges, a indiqué qu'il "sollicitera un renforcement des pressions diplomatiques et l'usage de la force contre Maduro".
Un calme précaire dimanche
Les partisans de l'opposition s'étaient mobilisés samedi pour exiger le passage de l'aide majoritairement américaine en vivres et médicaments promise par Juan Guaido, président par intérim reconnu par une cinquantaine de pays, mais refusée par le président Maduro, qui dénonce une tentative déguisée d'intervention militaire américaine.
Un calme tendu règne dimanche matin dans cette localité qui fait face à Cucuta, côté colombien, où l'aide a été stockée depuis plusieurs jours. Un cordon de militaires vénézuéliens garde l'accès à la frontière et bloque le pont, empêchant tout passage. Quelques jeunes gens ont tenté de monter des barricades mais la garde nationale est aussitôt intervenue.
Des troubles similaires se sont déroulés dans la localité voisine de San Antonio et le gouvernement Maduro a ordonné samedi soir la "fermeture totale" des quatre points de passage vers la Colombie, dans l'Etat frontalier de Tachira (ouest).
Fermeture des frontières
Ulcéré par le soutien du président colombien Ivan Duque à Juan Guaido, Nicolas Maduro a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec "le gouvernement fasciste de Colombie" et prévenu: "Je ne m'inclinerai jamais, je n'abandonnerai jamais".
Après l'échec de son opération humanitaire samedi, Juan Guaido a quant à lui appelé la communauté internationale à "envisager toutes les éventualités". L'opposant s'est rendu vendredi en Colombie malgré son interdiction de sortir du Venezuela.
Mike Pompeo a pour sa part averti dès samedi soir que "les Etats-Unis vont passer aux actes contre ceux qui s'opposent à la restauration pacifique de la démocratie au #Venezuela". "Maintenant, le temps est venu d'agir pour soutenir les besoins du peuple vénézuélien désespéré", a ajouté le secrétaire d'Etat américain sur Twitter, qualifiant de "brutes" les forces de sécurité vénézuéliennes.
L'aide humanitaire toujours bloquée
L'Union européenne s'est dite prête dimanche à accroître son aide humanitaire, condamnant la violence et le recours à des groupes armés irréguliers par le régime pour empêcher l'entrée de l'aide.
Le Canada, membre du Groupe de Lima, a réclamé samedi "l'accès sûr et sans restriction" de l'aide au Venezuela, se disant "profondément préoccupé" par les violences visant à l'entraver.
Malgré la mobilisation des partisans de Juan Guaido, l'aide humanitaire reste bloquée aux portes du Venezuela, dont la population subit de plein fouet la crise, de graves pénuries et une hyperinflation qui devrait atteindre 10.000.000% en 2019 selon le FMI. Depuis 2015, au moins 2,7 millions de Vénézuéliens ont fui leur pays vers les pays de la région.