Drones explosifs, camion piégé... La Colombie touchée par deux attaques de groupes armés ayant fait au moins 18 morts

Un camion piégé a explosé jeudi 21 août 2025 près d'une base aérienne à Cali en Colombie, faisant au moins six morts et 60 blessés, selon les autorités. - Photo par IUSEF SAMIR ROJAS / AFP
Un camion piégé, des drones explosifs, des coups de feu: le bilan de deux attaques menées jeudi 21 août par des groupes armés a été porté à au moins 18 morts et des dizaines de blessés, montrant une intensification spectaculaire des violences en Colombie.
Cette flambée intervient à un an de la présidentielle, et a été marquée notamment par la mort le 11 août du favori de la droite, Miguel Uribe, des suites d'un attentat.
Jeudi après-midi, un camion piégé a explosé près d'une base aérienne à Cali (sud-ouest), troisième ville du pays, faisant au moins six morts et 60 blessés, selon les autorités. Le maire Alejandro Eder a dénoncé une "attaque narcoterroriste" et demandé une "militarisation" de la ville.
Des images sur les réseaux sociaux ont montré plusieurs personnes au sol, prises en charge par les secours après l'explosion, ainsi qu'un camion en flammes, plusieurs véhicules endommagés et de nombreuses vitres soufflées.

Une attaque "lâche" contre les civils
Le ministre de la Défense Pedro Sanchez a désigné le groupe armé EMC, un groupe dissident des Farc, comme responsable, dénonçant un "attentat terroriste (...) injustifiable contre la population civile de Cali".
"Cette attaque lâche contre les civils est une réaction désespérée face à la perte de contrôle du narcotrafic" dans la région, a-t-il estimé.
Hector Fabio Bolanos, 65 ans, un témoin, a indiqué à l'AFP avoir entendu "un énorme bruit d'explosion près de la base aérienne", et vu de nombreuses personnes blessées au sol.
"Il y a eu des morts parmi les personnes passant sur l'avenue", selon un autre témoin, Alexis Atizabal, 40 ans, qui a vu les vitres de son atelier de fabrication d'enseignes voler en éclats au moment de l'explosion.
Plusieurs bâtiments et une école à proximité ont été évacués. Le maire a annoncé l'interdiction de circulation des camions dans la ville et offert 10.000 dollars de récompense pour toute information.
"Le terrorisme ne nous vaincra pas", a de son côté affirmé la gouverneure régionale, Dilian Francisca Toro.
Un hélicoptère de la police attaqué
Dans la matinée, à quelque 150 kilomètres de Medellin, des affrontements et une attaque de drone contre un hélicoptère ciblant les opérations anti-drogue de la police ont aussi fait de nombreuses victimes. Le bilan de ces attaques a été porté de huit à douze policiers tués, par Andrés Julián Rendón, le gouverneur de la région d'Antioquia (nord-ouest) jeudi soir.
Un responsable de la police a expliqué que des assaillants avaient "harcelé" des policiers supervisant un groupe chargé d'éradiquer les plantations de coca. Des images partagées sur les réseaux sociaux ont montré l'hélicoptère survolant la région, suivies d'une détonation et de sa chute. Cette attaque a été attribuée au groupe de guérilleros Calarca. Cette guérilla, qui porte le nom de guerre de son chef, est issu d'une scission de l'EMC.
Au pouvoir depuis 2022 et lui-même ancien guérillero, le président de gauche Gustavo Petro a tenté de relancer pourparlers de paix avec la plupart des groupes armés qui opèrent en Colombie, six ans après l'accord historique conclu avec les Farc. Mais la plupart ont échoué ou sont au point mort.
En 2023, l'EMC avait soutenu de tels pourparlers, mais son dirigeant, Ivan Mordisco, avait quitté la table des négociations un an plus tard. En juin, une série d'attaques avait tué cinq civils et deux policiers dans le sud-ouest du pays. Elle avait été revendiqué par l'EMC.