Cocaïne: la Colombie va de nouveau pulvériser des cultures illicites de coca avec du glyphosate

Dix ans après sa suspension, la Colombie compte reprendre la pulvérisation de glyphosate sur les cultures illicites de coca, plante dont provient la cocaïne. En 2015, le glyphosate avait été classé comme "cancérogène probable" par l'OMS.

La Colombie a annoncé la reprise de l'éradication des cultures de coca avec l'herbicide glyphosate par "pulvérisation terrestre", ce mercredi 9 avril. La pulvérisation, alors aérienne, avait été suspendue en 2015 en raison des atteintes sur la santé humaine et l'environnement.

Le glyphosate, herbicide le plus vendu au monde (800.000 tonnes en 2014), a été classé en 2015 comme un "cancérogène probable" par le Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le commandant de la police, le général Carlos Triana, a déclaré lors d'une conférence de presse que l'État avait lancé un processus d'achat du désherbant et qu'il serait utilisé par "pulvérisation terrestre" à partir du second semestre 2025.

Carlos Triana a précisé que l'éradication ne concernerait pas les plantations de plus de 1,5 hectare de coca, ingrédient essentiel de la cocaïne dont la Colombie est le premier exportateur mondial.

La reprise des pulvérisations des champs de coca a été un sujet de discussion lors d'une récente réunion avec les États-Unis, alors que la nouvelle administration américaine a soulevé la question du maintien de la Colombie au rang d'allié dans la lutte antidrogue.

Sur recommandation du ministère de la Santé, les autorités colombiennes avaient suspendu en 2015 la pulvérisation aérienne de l'herbicide. L'ancien président Ivan Duque (2018-2022) avait voulu reprendre la pratique, mais la Cour constitutionnelle l'en avait empêché à la suite de recours déposés par différentes communautés paysannes et indigènes du pays.

Son successeur, l'actuel président Gustavo Petro, avait constamment critiqué l'utilisation du glyphosate lorsqu'il était sénateur d'opposition. Mais depuis son accession au pouvoir, la Colombie a battu ses records de superficie de culture de coca et de production de cocaïne, selon les estimations des Nations unies (ONU). Le pays traverse également sa pire crise sécuritaire depuis une décennie en raison d'un regain de violence entre groupes de narcotrafiquants et avec l'armée colombienne.

Le ministre de la Défense, Pedro Arnulfo Sanchez, a assuré que les pulvérisations faisaient partie d'un plan de "lutte frontale contre le narcotrafic" en lien avec d'autres mesures telles une rente mensuelle proche du salaire minimum pour les paysans qui cherchent d'autres alternatives à la coca.

C.D. avec AFP