Glyphosate: accusé d'avoir causé des malformations à Théo, Bayer-Monsanto connaîtra son jugement en juillet

Théo Grataloup à droite, accompagné de ses parents, à la sortie du palais de justice de Vienne. - BFM Lyon / Adel Abderrahim
"David contre Goliath". À Vienne ce jeudi 3 avril, l'issue du combat entre la famille Grataloup et la multinationale Bayer-Monsanto est en suspens. Assigné par les proches de Théo, 17 ans, né avec de graves malformations imputées aux effets secondaires du glyphosate, le fabricant d'engrais sera fixé sur la décision de justice le 31 juillet prochain.
Au sortir du tribunal, Théo s'est exprimé face aux médias présents pour suivre l'audience. "Les deux parties ont été entendues, nos avocats ont admirablement bien plaidé et j’ai tout confiance en leur plaidoirie, j’ai toute confiance en la justice française, on attend le 31 juillet", a-t-il ainsi déclaré.
"Ce combat me dépasse", avait confié à l'AFP le jeune homme avant le début du procès, d'un mince filet de voix. L'adolescent n'a pas de cordes vocales et parle en faisant vibrer son oesophage.
"Je représente tous les malformés" et en cas de victoire, "cela fera jurisprudence et permettra à d'autres victimes d'aller en justice beaucoup plus rapidement", ajoutait Théo avant d'entrer dans le palais de justice de Vienne.
Un délai trop important pour porter l'action en justice?
Les avocats représentant Théo et ses proches ont plaidé en faveur d'un lien de causalité entre l'utilisation de "Roundup", un désherbant contenant du glyphosate, composé chimique interdit aux particuliers depuis 2018, et les malformations du jeune homme.
Au moins un bidon aurait été utilisé début août 2006, alors que Sabine Grataloup, mère de Théo, en était aux premières semaines de sa grossesse et qu'elle ne pouvait pas avoir connaissance de cette grossesse. Ce bidon de désherbant aurait été utilisé sur les 700m² de son terrain afin de préparer l'accueil d'un cheval de course, propriété de l'une de ses employées. Cette dernière a d'ailleurs témoigné dans le sens de l'utilisation de ce produit.
De l'autre côté, les avocats de la défense ont d'abord plaidé la forclusion. Le délai des 10 ans pour agir contre la société pour les faits reprochés auraient été dépassés. La bouteille utilisée comme pièce du dossier daterait de 2005, et l'action en justice a été menée en 2016.
Autre point, ils évoquent aussi le manque de preuves concrètes quant au lien de causalité entre la probable utilisation de ce bidon comportant du glyphosate et les malformations dont souffre Théo.
La famille Grataloup a déjà obtenu une première victoire en 2022. Il y a trois ans, le Fonds d'indemnisation des victimes des pesticides avait reconnu le lien entre le produit chimique et les séquelles de l'adolescent. "Ce qu'on attend, c'est la reconnaissance par la justice du comportement fautif de Monsanto", insiste la mère de famille.