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"Nous attendons la justice": début du procès contre Bayer-Monsanto de la famille de Théo, né avec des malformations

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La famille Grataloup traîne en justice le géant industriel Bayer-Monsanto. Le procès débute ce jeudi 3 avril au tribunal judiciaire de Vienne (Isère).

Un procès très attendu se tient ce jeudi 3 avril, au tribunal judiciaire de Vienne (Isère). Une famille du Nord-Isère traîne en justice le géant industriel Bayer-Monsanto. Son herbicide, le glyphosate, est soupçonné d'avoir provoqué des malformations chez Théo, le fils de la famille, âgé de 17 ans. Invitée de BFM Lyon quelques heures avant le procès, Sabine Grataloup, fait part de ses attentes.

"Nous attendons la justice pour toutes les souffrances endurées par Théo. On attend vraiment la reconnaissance du comportement fautif de Monsanto dans la mise sur le marché de ce produit et son maintien", indique-t-elle.

Théo "attend beaucoup de cette audience"

La mère du jeune homme a récolté près d'une centaine de documents. Tous doivent permettre de prouver que le glyphosate est responsable des lourdes malformations de Théo à sa naissance.

"C'est fatigant, mais on arrive au bout (...) on y va", déclare-t-elle, "pour nous ça ne fait aucun doute". Mais la famille appréhende, à commencer par Théo. "C'est beaucoup de préparation mentale pour pouvoir se dire de rester calme, peu importe ce que la partie adverse dira", affirme-t-il.

L'adolescent de 17 ans est en terminale. Sabine assure que cette année, son fils a réalisé "à quel point son handicap, lui ferme des portes pour son orientation".

"Il commence à prendre vraiment conscience que même si l'essentiel du combat médical est derrière lui, il va devoir affronter les conséquences pendant toute sa vie d'adulte. Il attend beaucoup de cette audience, pour lui et les autres victimes. Il a vraiment conscience d'être un pionnier dans ce combat", ajoute Sabine.

Créer "une jurisprudence" pour les autres victimes

La famille Grataloup a déjà obtenu une première victoire. Il y a trois ans, le Fonds d'indemnisation des victimes des pesticides a reconnu le lien entre le produit chimique et les séquelles de l'adolescent. "Ce qu'on attend, c'est la reconnaissance par la justice du comportement fautif de Monsanto", insiste la mère de famille.

"On sait que même en gagnant tout ce qui est possible de gagner (...) c'est ridicule. Donc clairement on ne fait pas ça pour l'argent mais pour que Théo puisse savoir à cause qui il a ses malformations", ajoute-t-elle, espérant que le procès fasse "jurisprudence pour les autres victimes".

"Notre espérance est d'apporter une jurisprudence pour que les familles en Argentine ou aux États-Unis qui vivent aux abords de champs puissent s'appuyer sur notre jurisprudence pour dire: 'regardez, j'ai un enfant qui a des malformations, je suis exposée au glyphosate'. Qu'elles puissent aller en justice et obtenir réparation. Sachant qu'aux États-Unis, l'enjeu financier sera beaucoup plus important et sera peut-être plus à même de faire réfléchir les décideurs de Monsanto", pense Sabine.

Une prise de conscience sur le Glyphosate

Pour le père de Théo, Thomas, le procès de ce jeudi doit également permettre une prise de conscience.

"Quelle que soit la décision, effectivement, notre combat est de faire passer à un maximum de personnes la dangerosité de ce produit, d'essayer de le faire interdire, mais aussi pour sensibiliser, afin qu'un agriculteur, au moment où il va déboucher le bidon de glyphosate, se dise: 'est-ce que j'en ai vraiment besoin, est-ce que je ne peux pas faire autrement?' S'il y a ne serait-ce qu'un agriculteur qui fait ça, on aura déjà gagné", déclare-t-il.

En novembre 2023, la France s'est abstenue lors du vote sur l'autorisation du glyphosate jusqu'en 2033, jugé "cancérigène probable" par l'OMS.

Jordan Muzyczka et Solenne Bertrand