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Brésil: une communauté autochtone vivant en Amazonie photographiée pour la première fois

Vue aérienne de la rivière Mana dans la forêt amazonienne, le 12 octobre 2017 en Guyane française. Photo d'illustration

Vue aérienne de la rivière Mana dans la forêt amazonienne, le 12 octobre 2017 en Guyane française. Photo d'illustration - Jody Amiet - AFP

Un groupe d'hommes du peuple Massaco, encore peu connu, a été photographié dans la forêt amazonienne en train de planter des pieux en bois afin de marquer leur territoire.

Une communautée amazonienne isolée photographiée pour la première fois. Sur des images datées de février dernier, on aperçoit un groupe d'hommes nus, âgés de 30 à 40 ans, avec des moustaches et des cheveux mi-longs, rapportent conjointement le média brésilien O Globo et le média britannique The Guardian.

Ces hommes appartiennent à la communauté dite des Massacos: un nom qui leur a été donné en raison de la rivière qui traverse leur territoire, près de la frontière entre le Brésil et la Bolivie, mais personne ne sait réellement comment ils s'appellent. Peu de connaissances ont en général été établies à leur sujet, que ce soit à propos de leur langue, de leurs croyances ou de leur structure sociale.

Un "mystère"

Sur ces photographies, prises par des caméras automatiques placées par la Fondation nationale des peuples autochtones du Brésil (Funai), les spécialistes constatent que les Massacos posent des pieux en bois dans le sol. Des pieux qui servent à marquer leur territoire et à repousser toute tentative d'intrusion.

Les Massacos sont également connus pour utiliser des arcs de plus de trois mètres, l'un de plus longs jamais trouvés en Amazonie, selon O Globo.

"Nous n'avons aucune idée de la manière dont ils tirent leurs flèches. D'autres indigènes essaient également de comprendre, mais ils rient et disent que c'est impossible. Peut-être en s'allongeant, disent-ils, mais à ce jour, nous n'avons aucune réponse à ce mystère", déclare Altair Algayer, membre de la Funai, auprès d'O Globo.

Cette communauté vivant en Amazonie se distinguent également des peuples voisins par l'absence de boucles d'oreilles ou de colliers, par leur habitat de grande taille ou encore par le fait de placer de crânes d'animaux sur des piquets suspendus à des troncs d'arbres. La Funai a aussi appris à connaître leurs mouvements: les Massacos se déplacent en fonction des saisons des pluies au sein de la forêt amazonienne.

"En localisant les points chauds enregistrés sur les images satellites en juillet et août, nous savons à l'avance où ils s'installeront pendant la prochaine saison des pluies, de décembre à avril", explique Altair Algayer.

Avant d'ajouter: "Aujourd’hui, grâce aux photos détaillées, il est possible de voir la ressemblance avec le peuple Sirionó, qui vit sur la rive opposée du fleuve Guaporé, en Bolivie. Mais nous ne pouvons toujours pas dire qui ils sont. Il y a encore beaucoup de mystères".

Une population en croissance malgré les menaces

Malgré les menaces de l'industrie agroalimentaire, des bûcherons, des mineurs, des trafiquants de drogue mais aussi du changement climatique, la population des Massacos a au moins doublé depuis le début des années 1990 selon la Funai, pour atteindre 200 à 250 personnes. La fondation estime qu'il y a environ 50 familles et qu'elles s'agrandissent, pour preuves les petites arches, les jouets et les empreintes de pas indiquant la présence d'enfants. Une tendance perceptible chez d'autres communautés autochtones.

Si avant la mission de la Funai était d'entrer en contact avec ces populations, elle tente désormais d'éviter tout rapprochement, notamment en raison des maladies que cela peut engendrer chez ces communautés.

Avec la croissance des peuples dits isolés - 29 communautés ont été confirmées au Brésil et 85 autres signalées -, la Funai redoute une future rencontre.

"La croissance des peuples isolés est sans aucun doute une merveilleuse nouvelle, mais d'un autre côté, elle nous alerte sur le risque imminent de contact", prévient Altair Algayer. "Non seulement parce que cela pourrait entraîner un besoin de terres supplémentaires, mais aussi en raison du changement climatique".

"Si les peuples isolés manquent d'eau dans leurs cours d'eau, ils se rapprocheront d'autres populations", note-t-il.

Juliette Brossault