Tunisie: le musée du Bardo, symbole culturel

Mosaïque exposée au musée du Bardo, théâtre mercredi d'une attaque qui a fait 20 morts. - Nicolas de Camaret - Flickr - CC
Le berceau de la Tunisie est là, exposé dans la quiétude du musée du Bardo. Mercredi, c'est à ce symbole de la culture du Bassin méditerranéen que se sont attaqués les jihadistes, tuant 20 personnes, des touristes essentiellement. S'en prendre au musée du Bardo, "c'est tuer l'âme même du pays, celle qui a précédé la période islamique", soulignait mercredi soir sur BFMTV Frédéric Mitterrand. Comme le précisait l'ancien ministre de la Culture, le Bardo c'est "l'histoire prestigieuse de Carthage, l'histoire de la Tunisie romaine et byzantine. Tout ça est détesté par ces terroristes".
"L'histoire prestigieuse de Carthage, l'histoire de la Tunisie romaine et byzantine. Tout ça est détesté par ces terroristes".
Même réaction de Jack Lang, président de l'Institut du monde arabe à Paris: "Une fois de plus, les monstres terroristes ont frappé, cette fois à Tunis. Ils s’attaquent à la fois à la démocratie et à l’art qui sont leur double ennemi", a déclaré l'ancien ministre de la Culture, mercredi dans un communiqué.

Ces dernières semaines, les jihadistes de l'Etat islamique ont multiplié des images de propagande mettant en scène des destructions de sites culturels et historiques. Attaque au bulldozer de la cité de Nimrud et destruction de la cité antique de Hatra, en Irak... Daesh se livre tout simplement à l'anéantissement systématique de toute trace de culture pré-islamique.
L'attaque du musée du Bardo, si elle a détruit des vies et non des oeuvres, était sans doute aussi dirigée contre le fabuleux patrimoine qu'abrite le musée.
Afrique romaine
Le musée du Bardo est en effet l'un des plus beaux du Bassin méditerranéen et le second du continent africain, après celui du Caire. Il héberge l'une des plus belles collections de mosaïques romaines au monde, découvertes sur les sites archéologiques de Carthage, Hadrumète, Dougga et Utique. Des vestiges uniques de l'Afrique romaine.
Le musée, qui occupe depuis 1888 un ancien palais beylical, a doublé sa surface d'exposition au terme d'une récente rénovation, pour atteindre 23.000 m2, et a réorganisé sa présentation, pour mieux mettre en valeur son exceptionnel patrimoine.

Réorganisé entre 2009 et 2011, il n'a rouvert ses portes qu'en mai 2012, la date de l'inauguration officielle ayant été repoussée en raison de la révolution tunisienne.
Parmi les pièces maîtresses, on peut y admirer "Le triomphe de Neptune", une mosaïque monumentale de 13 mètres sur 8 datant du deuxième siècle, la plus grande mosaïque verticale du monde. Un autre des chefs-d'oeuvre de la collection est une mosaïque intitulée "L'alcôve de Virgile", qui représente le poète écrivant l'Enéide, entouré de ses muses.
Masques grimaçants
Mais les mosaïques ne sont pas les seuls trésors du Bardo, qui couvre une très vaste période: la Préhistoire et les époques phénicienne, punique, numide, romaine, chrétienne et arabo-islamique sont également couvertes.
On y découvre ainsi des statues de terre cuite datant de la troisième guerre punique, ou encore d'impressionnants masques grimaçants d'inspiration mésopotamienne.

On peut aussi y croiser d'importants vestiges de la Carthage romaine, comme la statue colossale de Jupiter capitolin, un bacchus en bronze et un marbre de l'empereur Hadrien. S'il est difficile de tout évoquer, des pièces comme la tête colossale de Jupiter ou le pied en marbre d'une statue de Jupiter impressionnent tout particulièrement les visiteurs.
