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Tunisie

Tunisie: 40.000 manifestants contre Ennahda

Selon la police, quelque 40.000 manifestants ont battu le pavé dans la nuit de mardi à mercredi en banlieue de Tunis

Selon la police, quelque 40.000 manifestants ont battu le pavé dans la nuit de mardi à mercredi en banlieue de Tunis - -

Des dizaines de milliers de Tunisiens ont manifesté dans la nuit de mardi à mercredi pour exiger le départ du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda.

Il s'agit de loin de la plus importante manifestation depuis l'assassinat d'un opposant fin juillet. Dans la nuit de mardi à mercredi, ils étaient des dizaines de milliers à avoir manifesté en banlieue de Tunis pour réclamer le départ du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda.

Quelques heures plus tôt, le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, annonçait suspendre les travaux de ce Parlement pour tenter de forcer Ennahda et leurs détracteurs à la table des négociations.

100.000 à 200.000 manifestants selon l'opposition

Les manifestants, qui étaient au moins 40.000, selon un responsable policier, scandaient "le peuple veut la chute du régime" ou encore "le gouvernement va tomber aujourd'hui". Des représentants de l'opposition ont évoqué dans les médias des chiffres allant de 100 à 200.000 personnes. Vers 01h, aucun incident n'avait été signalé et la manifestation touchait à sa fin.

L'hétéroclite coalition d'opposition, de l'extrême gauche au centre-droit soutenu par le puissant syndicat UGTT, organise chaque nuit des rassemblements contre le pouvoir depuis l'assassinat du député Mohamed Brahmi le 25 juillet, attribué à la mouvance salafiste.

De nombreux manifestants tenaient des portraits de cet élu et de l'opposant Chokri Belaïd, tué il y a six mois, le 6 février.

Rejet des revendications

Les détracteurs d'Ennahda, le parti islamiste au pouvoir accusé d'être responsable de l'essor des jihadistes, réclament en choeur un gouvernement de salut national. Une partie d'entre eux veulent aussi la dissolution de la constituante dont les travaux sont paralysés depuis des mois.

Les islamistes ont rejeté ces revendications, proposant en retour d'élargir la coalition gouvernementale et des élections en décembre.

"Dans les régimes démocratiques, les manifestations ne changent pas les gouvernements", a jugé Rached Ghannouchi, chef d'Ennahda dans le journal La Presse.

Menace terroriste

Outre la traque des assassins des opposants, une opération militaire "aérienne et terrestre" d'ampleur est en cours au Mont Chaambi depuis jeudi, à la frontière algérienne, pour "éradiquer" un groupe armé lié à Al-Qaïda responsable de la mort de dix militaires depuis le 29 juillet.

La police a mené ces derniers jours une série d'opérations contre des cellules préparant, selon les autorités, des attentats. Un "terroriste", le second depuis vendredi, a été tué mardi par les forces de l'ordre en banlieue de Tunis.

Le Premier ministre Ali Larayedh a de son côté dénoncé les manifestations, estimant qu'elles minaient les efforts des forces de sécurité.

M.G. avec AFP