Emino, rappeur tunisien, rejoint les rangs de l'EI

Le rappeur tunisien Emino (à droite) et son ami le rappeur Weld El 15 en juin 2013. - Fethi Belaïd - AFP
Exit les filles en petite tenue, les chaînes en or et les bouteilles d'alcool. Le rappeur tunisien Emino, Marwan Douiri de son vrai nom, a rallié l'Etat islamique le 18 mars dernier. Le jeune homme aurait même quitté la Tunisie et gagné l'Irak, si l'on en croit sa page Facebook, sur laquelle il annonce son allégeance au groupe jihadiste Etat Islamique (EI).
Sur une photo postée sur Facebook, il pose tout de noir vêtu et portant un keffieh autour du cou, devant un drapeau de l'EI.
Une information relayée par France 24 qui fait état de "l'étonnante allégeance à l'EI du rappeur". Le jeune homme de 25 ans, "enfant de la révolution tunisienne", comme le décrit un envoyé spécial du Figaro, était en effet connu pour dénoncer les violences policières et défendre la liberté. Connu aussi pour son mode de vie à base de drogue, d'alcool et de jolies filles, aux antipodes des préceptes du groupe jihadiste.
"En mode Jack Daniels-pétards"
En témoignent les tweets de ceux qui l'ont connu, comme le journaliste de RFI David Thomson (auteur du livre Les Français jihadistes), qui poste: "La dernière fois que j'ai vu Emino dans son studio en 2013 à Tunis, il était en mode Jack Daniels/pétards au réveil. 2 ans après, il rejoint l'EI".
"Il chantait la vie, il chantait des chansons engagées contre la police, il parlait de la drogue, il parlait des jolies filles, de la répression que subissait la jeunesse de notre pays", évoque son avocat Me Ghazi Mrabet, interrogé par RFI.
En 2012, le rappeur avait fait huit mois de prison pour possession de cannabis. Poursuivi en juin 2013 au côté du rappeur Weld El 15, pour avoir insulté la police, il avait été relaxé. Weld El 15 avait été condamné en première instance à deux ans de prison ferme pour sa chanson Boulicia Kleb ("Les policiers sont des chiens"). En août 2015, Weld El 15 avait été interpellé et battu par des policiers à l'issue d'un concert.
Selon l'avocat des deux rappeurs, Me Ghazi Mrabet, cet épisode avait marqué Emino, qui avait lancé à la sortie d'un des procès de Weld El 15: "J'en ai marre de ce pays, on vous le laisse! Pourquoi cet acharnement contre la jeunesse?"
"Classe moyenne tunisienne"
Selon Me Ghazi Mrabet, Emino a changé après son passage en prison. Il avait arrêté le rap il y a un an, changé de tenue et ne croyait plus au système judiciaire de son pays. "Il ne voulait plus entendre parler de son procès en appel et me disait qu'il se moquait de la justice", a-t-il confié au Figaro.
Le jeune homme est issu d'un milieu "plutôt aisé, de la classe moyenne tunisienne", explique à RFI son avocat, qui ajoute: "Les mosquées prêchent souvent la haine, et aussi les réseaux sociaux".