Maroc: une application pour relayer les atteintes à la liberté de la presse

Un homme passe devant un stand de journaux, en décembre 2006, dans la médina de Rabat, la capitale marocaine. (photo d'illustration) - Abdelhak Senna - AFP
Le projet est inédit. Des associations marocaines ont annoncé ce mardi le lancement officiel d'un outil de "surveillance de la liberté de la presse", co-financé par l'Union européenne. Il s'agit d'une "application électronique" qui permet "pour la première fois aux journalistes et militants de relayer les atteintes à la liberté de la presse de manière scientifique et objective", a expliqué Imane Bounjara, membre du "Forum des Alternatives Maroc" et partenaire du projet, en marge d'une conférence de presse.
143 plaintes en six mois
Cette application, disponible à l'adresse www.marsadhouriyat.org, comprend un formulaire en ligne qui détaille "les natures des atteintes et leurs auteurs", a précisé Aziz Idamine, un représentant de l'association Adala ("Justice"), également membre du nouveau "Réseau des observateurs de la liberté des médias au Maroc".
Déjà opérationnel, l'application a enregistré "143 plaintes au cours des six derniers mois, dont 29 qui répondaient aux critères objectifs d'atteinte à la liberté de la presse", a-t-il ajouté.
Selon Mohamed Attab, de l'Observatoire marocain des libertés publiques, "110 militants associatifs ont été formés à l'utilisation de l'application avec pour objectif d'élargir davantage le réseau".
Bientôt disponible dans d'autres pays arabes?
Ce projet a vocation à être mis en oeuvre dans d'autres pays comme l'Irak, l'Egypte et la Tunisie, en vue d'en faire un outil de "monitoring" dans les pays méditerranéens.
Début mars, l'ONG Reporters Sans Frontières (RSF) a dénoncé un "durcissement de la répression contre les journalistes" au Maroc, qui occupe la 130e place sur 180 pays dans son dernier classement sur la liberté de la presse.
Le ministère marocain de la Communication estime que ce rapport "ne reflète pas la réalité" et que les "indicateurs de liberté de presse" se sont au contraire "améliorés" dans le royaume.