Présidentielle au Mali: un second tour sans passion

Soumaïla Cissé et Ibrahim Boubacar Keïta sont les deux candidats au second de la présidentielle malienne - -
Dimanche soir, ou dans les jours qui suivront, le Mali aura un président frâichement élu dont la lourde tâche sera de sortir le pays de 18 mois de crise politico-militaire. Mais, même cette perspective n'est pas parvenue à ce que la population vivent avec ferveur et espoir la campagne du second tour de la présidentielle. Celle-ci fut terne et peu animée.
Nénamoins, les urnes devront départager Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, ancien Premier ministre et cacique de la vie politique malienne de 68 ans, et Soumaïla Cissé, lui-même ancien ministre des Finances de 63 ans. D'ailleurs, IBK, largemlent en tête à l'issue du premier tour (39,7% des voix contre 19,7%) a refusé de participer à un débat télévisé que lui avait proposé son adversaire, ses proches estimant que ce n'était pas nécessaire.
Ce qui n'empêche pourtant pas l'outsider de garder espoir. "Je suis confiant, car il ne s'agit pas de compléter les votes du premier tour, il y aura de nouveaux votes, c'est une nouvelle élection, a affirmé Soumaïla Cissé. Tout repart à zéro". En effet, l'entre deux-tours a été l'occasion pour les deux hommes de négocier les ralliements des 25 autres candidats éliminés.
Des craintes d'attentats
Le camp d'Ibrahim Boubacar Keïta affirme avoir obtenu le soutien de 22 candidats et Soumaïla Cissé celui d'un autre ex-Premier ministre, Modibo Sidibé, arrivé quatrième avec près de 5% des voix, ainsi que celui de Tiébilé Dramé, artisan d'un accord entre le régime de transition à Bamako et des groupes armés touareg.
Sur le papier, IBK apparaît donc largement favori, mais Soumaïla Cissé compte sur une partie de près de 400.000 bulletins déclarés nuls au premier tour et sur une mobilisation des abstentionnistes pour remonter son handicap apparent.
Lors du premier tour, des dysfonctionnements ont été constatés - cartes d'électeurs non remises, listes électorales non affichées à l'extérieur des bureaux, achat de votes, nombre anormalement élevé de bulletins nuls, bourrage d'urnes - sans remettre en cause les résultats, selon les observateurs nationaux et internationaux et la Cour constitutionnelle.
En dépit de craintes d'attentats de la part de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda qui avaient occupé tout le nord du Mali pendant neuf mois en 2012 avant d'en être chassés par une intervention armée internationale initiée par la France, le premier tour s'était déroulé dans le calme et sans incidents majeurs.