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Mali : ce week-end où la France est entrée en guerre

"Au nom de la France, j'ai répondu à la demande d'aide du président du Mali", a déclaré François Hollande, expliquant l'entrée en guerre des forces armées françaises.

"Au nom de la France, j'ai répondu à la demande d'aide du président du Mali", a déclaré François Hollande, expliquant l'entrée en guerre des forces armées françaises. - -

Vendredi, les troupes françaises ont rejoint l'armée malienne pour stopper la progression des islamistes dans le sud du pays, avant de multiplier samedi les raids aériens. Retour sur ce week-end, qui marque un tournant pour la France.

Vendredi, la France est entrée en guerre en étant l'un des premiers pays à venir en aide à l'armée malienne, débordée par l'avancée des groupes islamistes qui contrôlaient déjà le nord du pays. Retour sur ces trois jours de conflits, et sur cette occupation terroriste au Mali qui dure depuis près de neuf mois.

- Que se passe-t-il au Mali ?

Le Mali était divisé en deux pays depuis l'an dernier. Au Nord, la région était contrôlée par des groupes islamistes, comme Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) ou Ansar Dine (Touaregs pour l'instauration de la charia), qui s'en sont emparés par la force et ont décrété l'indépendance de cette région en avril dernier. Ils y faisaient régner la terreur. Au Sud, le pays restait sous autorité démocratique. Lundi dernier, la situation s'est subitement aggravée. Les rebelles islamistes ont avancé au-delà de la ligne de séparation des deux Mali, et ont fini par pénétrer armés dans la ville de Konna, bastion stratégique leur permettant de progresser ensuite plus au Sud vers Bamako, la capitale. C'est cette avancée qui a accéléré l'intervention de pays étrangers, les forces internationales craignant que les rebelles ne transforment le Mali en un "Etat terroriste".

- Quel rôle joue la France ?

Jeudi, le chef de l'Etat malien, Dioncounda Traoré, a lancé un appel à l'aide à la France et à la communauté internationale, débordé par les offensives islamistes. Vendredi matin, lors de ses vœux au corps diplomatique, François Hollande lui a répondu. "La France sera prête à arrêter l’offensive des terroristes si elle devait se poursuivre." Quelques heures plus tard, tout s'est précipité. Des troupes françaises, nigérianes, et sénégalaises, sont arrivées dans le pays pour soutenir la contre-offensive militaire. Une intervention confirmée à 18 heures par Hollande, dans une très courte allocution. "Au nom de la France, j'ai répondu à la demande d'aide du président du Mali, appuyé par les pays africains de l'ouest. Les forces armées françaises apportent leur soutien pour lutter contre ces éléments terroristes." Une décision aussitôt saluée par l'ensemble de la classe politique, y compris l'opposition.

- Que s'est-il passé ce week-end ?

Samedi, tôt dans la matinée, une source militaire malienne a affirmé que la progression des islamistes vers le sud du pays avait été "stoppée" dans la nuit grâce à l'aide de la France. La ville de Konna est de nouveau aux mains de l'armée régulière. Les raids aériens se sont ensuite poursuivis, faisant de nombreux morts (lire ci-dessous). En France, François Hollande annonçait le renforcement du plan Vigipirate "dans les meilleurs délais", le faisant passer de rouge à rouge renforcé.

Dimanche, les troupes françaises se sont attaquées aux bases arrières des islamistes maliens, après avoir stoppé la progression des rebelles vers le Sud. Des bases jihadistes et des centres d'entraînement ont été détruits par des frappes aériennes françaises à Gao, quartier général des rebelles dans le nord du pays, et les combattants islamistes ont évacué la ville, provoquant le soulagement des habitants. Ils auraient perdu la totalité de leurs bastions maliens, mais contrôlent toujours une partie de la Somalie.

Lundi, dans l'après-midi, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira à la demande de la France.

- Combien de victimes ?

Vendredi, un soldat français a été abattu dans son hélicoptère lors de l'attaque d'une colonne terroriste.

De plus, samedi, l'armée malienne a donné un premier bilan des combats, affirmant qu'elle avait fait "une centaine de morts" parmi les islamistes. De son côté, l'ONG Human Right Watch a affirmé samedi que dix civils étaient morts pendant les combats, dont trois enfants.

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- Hollande, transformé en "chef de guerre"

En quelques jours, le rythme présidentiel a pris de l'allure pour François Hollande, qui a déclaré la guerre aux terroristes maliens. "Il monte en première ligne pour répondre aux interventions au Mali et en Somalie. Il se transforme, du coup, en chef de guerre", juge le politologue Stéphane Rozès. Une nouvelle stature présidentielle que François Hollande va devoir tenir, car les dossiers en cours sont sensibles et l’Elysée redoute une guerre au Mali plus longue que prévu.

Alexandra Gonzalez