Mali, Algérie : quels risques de contagion dans la région ?

Des troupes togolaises sont arrivées à Bamako jeudi. - -
La guerre au Mali prend une forme virale. L’opération "Serval" lancée vendredi dernier pour combattre les forces islamistes au Mali et restaurer l’intégrité territoriale du pays s’est propagée mercredi en Algérie. Des combattants islamistes revendiquent 41 otages occidentaux, dont des Français, après avoir attaqué le complexe gazier de Tiguentourine, situé à une quarantaine de kilomètres de la ville d’In Amenas.
Les ravisseurs appartiennent à la brigade Al-Moulathamin, menée par l’un des chefs historiques d’Aqmi Mokhtar Belmokhtar. Ils réclament l’arrêt de l’intervention au Mali. BFMTV.com fait le point sur les risques de contagion dans la région.
Quels sont les risques liés à l'union des groupes armés ?
L’opération "Serval" a réuni trois groupes terroristes pas toujours en accord. Mujao, le mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, Ansar Dine, anciennement liée à la rébellion autonomiste touareg, et Aqmi, Al-Qaida au Maghreb, sont des groupes qui se sont mélangés, divisés, attaqués, soutenus.
"Aujourd’hui, à la faveur d’une offensive étrangère, ils font front contre l’ennemi. On assiste à une reprise en main du contrôle d’Aqmi sur l’ensemble de ces composantes car ils ont l’accès aux armes, la connaissance du terrain, un commandement rodé", explique jeudi la spécialiste du terrorisme islamiste Anne Giudicelli, du cabinet Terrorisk, sur France Culture.
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Peut-on craindre une propagation du conflit ?
Le politologue Michel Galy craint quant à lui un véritable embrasement dans la région. "Le Nord Mali sert de terre d'accueil à des groupes islamistes proches ou lointains, explique-t-il sur RTBF.be. "Ansar Dine, composé de touareg "islamisés"; le Mujao qui tient la ville de Gao; Aqmi, surtout composé d'Algériens, installé à Tombouctou. Il y a aussi des combattants du mouvement Boko Haram qui viennent du nord du Nigéria. Il a aussi des djihadistes afghans et pakistanais, et d'autres qui viendraient de Somalie et du Polisario. (...) Le scénario catastrophe de mon point de vue c'est justement pour les peuples du Sahel", conclut-il.
Avec Aqmi aux commandes, l'Algérie elle-même est menacée car la prise d’otages est le fait d’une "antenne qui se réclame aussi d’Aqmi ou d’Al-Qaïda qui travaille à l’intérieur de l’Algérie", pointe sur France Inter Pierre Lellouche, président du groupe Sahel à l’Assemblée nationale.
Où en est l'aide internationale?
La prise d’otage accélère l’entrée des pays occidentaux dans le conflit au Mali. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius estime que des pays européens pourraient mettre à disposition des soldats. Une dizaine de pays ont annoncé leur intention de fournir des hommes et du matériel à la mission.
"Un certain nombre de pays ont dit très clairement qu'ils étaient prêts à soutenir la France par tous moyens, et ils n'ont pas exclu un soutien militaire", déclare la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.
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La veille, Paris avait demandé l'aide de ses partenaires pour acheminer du matériel. La Grande-Bretagne, le Danemark, la Belgique ou le Canada, avaient accepté de fournir des avions de transport.
Quelle est la position américaine?
La prise d'otages en Algérie change clairement la dimension du conflit au Mali. Deux Américains figuent en effet parmi les otages. Le secrétaire d'Etat américain à la Défense Leon Panetta a jugé que les opérations au Mali ne constituaient pas une guerre française et exigent "un effort international" qui devra être confirmé par l'Onu.