La formation de l'armée malienne, clé de voûte du retrait français

Les soldats maliens, ici défilant pour célébrer l'indépendance du pays en 2010, sont actuellement épaulés par 4.000 soldats français. - -
L'intervention française au Mali, débutée il y a près d'un mois, atteint désormais l'heure des objectifs. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabuis table sur une baisse des effectifs français à partir du mois de "mars", quand le groupe de soutien au Mali de l'Union européenne espère des "élections démocratiques avant l'été". Tous prennent aussi le temps de préciser, énigmatiques, "si tout se passe comme prévu".
Une prudence qui corrobore l'importance des objectifs fixés depuis le début du conlit. D'arrêter la colonne de combattants islamistes qui fonçait sur Bamako, la France cherche désormais à "préserver l'existence de l'Etat malien", avant de "préparer le déploiement d'une force d'intervention africaine".
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Sécurité puis formation
François Hollande l'a répété à Bamako : "La France ne quittera le Mali qu'une fois sa mission achevée". Laurent Fabuis s'est voulu plus précis, "ce sont les Africains et les Maliens eux-mêmes qui doivent être les garants de la sécurité, de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de ce pays".
Une sécurité et une intégrité qui ne sont pas pour le moment garanties puisque les combats se poursuivent dans le massif des Ifoghas ainsi qu'à Gao, pourtant la première ville libérée au début de l'opération.
Il y a aujourd'hui 4.000 soldats français au Mali, "le maximum qui sera déployé", accompagnés par 2.000 soldats tchadiens et par 2.000 hommes de la Misma (Niger, Tchad...), la force ouest-africaine pour le Mali, censée regrouper entre 6.000 et 8.000 militaires à terme.
Comment la France va-t-elle passer le relais aux forces africaines sur place ?
Dans les prochains jours, va se déployer la Mission européenne de formation (un précédent existe en Somalie) des soldats maliens qui regroupera au final 491 militaires européens dont 170 formateurs (50 Français).
Leur mission ? Façonner, d'ici début avril, un centre de commandement flambant neuf et quatre bataillons pour un total de 2.600 soldats locaux pour lesquels il faudra reprendre "les basiques", explique un gradé à 20minutes, pour expliquer l'état actuel des troupes maliennes.
Et notamment les règles de savoir vivre en temps de guerre. Les organisations humanitaires et l'ONU craignent des exactions violentes.
Un problème de taille se pose néanmoins. Si le Mali a su donner des gages démocratiques de longues années durant, le pays a fait preuve d'une instabilité importante ces dernières années.
L'armée française se refuse pour le moment à trancher entre les interlocuteurs possibles. Entre les bérets verts, soutiens du putsch de mars 2012, ou les bérets rouges, toujours derrière l'ex président Amadou Toumani Touré dit ATT.
La France soutenue et isolée à la fois
Il s'agit "du devoir de la France et de l'Europe" de former l'armée malienne et la Misma, a répété François Hollande à Bruxelles.
En attendant, s'il n'y a "aucune hésitation des Etats-Unis", a rappelé Joe Biden, les acteurs majeurs restent en retrait opérationnel et se contentent de soutenir, uniquement, l'action française de formation. La force onusienne tant espérée n'est pas encore à l'ordre du jour. Au Caire, le sommet des pays islamiques doit discuter du sujet. Le président égyptien Mohamed Morsi s'était notamment montré réticent à l'intervention militaire privilégiant une solution politique.
La succession de la France au Mali semble délicate à adosser à un calendrier clair. Et la formation s'annonce déterminante.