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Mali

Journalistes tués au Mali: les dépouilles rapatriées, la traque s'intensifie

Les cercueils des deux journalistes français à leur arrivée à l'aéroport de Roissy, mardi 5 novembre.

Les cercueils des deux journalistes français à leur arrivée à l'aéroport de Roissy, mardi 5 novembre. - -

Les dépouilles de Ghislaine Dupont et Gilles Verlon, journalistes français de RFI tués à Kidal, dans le nord du Mali, samedi, ont été rapatriées en France. La traque de leurs ravisseurs s'intensifie.

Les corps des deux journalistes français tués au Mali ont été rapatriés mardi à l'aube à Paris, pendant que la traque de ceux qui les ont enlevés puis froidement abattus s'intensifie avec l'arrivée d'enquêteurs et de renforts militaires français, quelque 150 soldats, dans le nord-est du pays.

D'après nos informations, une quarantaine de personnes ont été interpellées dans la journée par les forces françaises et maliennes dans la région de Kidal, au nord du Mali. Et selon Le Monde, trois des ravisseurs présumés, retrouvés grâce à un document laissé dans le véhicule à proximité des corps, sont connus du Renseignement français, et ont déjà été interrogés à plusieurs reprises.

Les familles reçues par François Hollande

Le vol Air France AF3873 en provenance de Bamako a atterri à 7 heures ce mardi, à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Tard lundi soir, il avait quitté la capitale malienne avec à son bord les dépouilles de Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 55 ans, les envoyés spéciaux de Radio France internationale (RFI) tués samedi par des hommes armés, à Kidal, dans le nord-est du Mali.

Avant la levée du jour, les cercueils, recouverts d'un drap bleu sombre, ont été transférés dans le pavillon de réception de l'aéroport en présence d'une vingtaine de proches et autant de salariés de RFI. A l'écart des caméras, les familles ont été reçues dans un petit salon par François Hollande qui était aussi venu, selon l'Elysée, les "accompagner dans leur douleur". Un aumônier a ensuite pris la parole lors d'une cérémonie "extrêmement simple". Les corps des journalistes doivent faire l'objet d'une autopsie dans le cadre de l'enquête ouverte par la justice française.

Hommage public mercredi

"La douleur des mères, de la mère de Ghislaine qui est son portrait craché, c'était bouleversant, et puis la maman de Claude, discrète comme Claude", a raconté, très émue, la présidente de France Médias Monde, qui chapeaute RFI, Marie-Christine Saragosse, qui avait voyagé dans le même avion à la tête d'une délégation de la "radio du monde".

Sous le choc après le meurtre de ces deux connaisseurs passionnés de l'Afrique, condamné de toutes parts, leurs collègues de RFI se sont recueillis à la mi-journée dans les locaux de la station, à Issy-les-Moulineaux, près de Paris. Face à l'Assemblée, qui a également fait une minute de silence, Jean-Marc Ayrault a parlé de ce "double crime", contre "des personnes mais aussi contre la liberté d'informer", lors de la séance des questions au gouvernement. Un hommage public est prévu mercredi.

Le Mali leur a aussi rendu hommage lundi. Le président Ibrahim Boubacar Keïta, en larmes, a dit le "choc" de ses concitoyens dans un pays où, comme souvent en Afrique francophone, RFI est un média de référence. "Je suis en contact avec le président Hollande, nous ferons tout pour que l'enquête aboutisse et qu'on arrête les coupables", a-t-il assuré

Renforts militaires déployés à Kidal

Les circonstances et l'identité des auteurs du rapt et du meurtre des journalistes à Kidal, bastion des Touareg et de leur rébellion à 1.500 km au nord-est de Bamako, restent toutefois à élucider.

Ghislaine Dupont, enquêtrice spécialiste de l'Afrique depuis plus de 25 ans, et Claude Verlon, technicien habitué des terrains difficiles, sortaient samedi en plein jour du domicile d'un représentant de la rébellion touareg, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qu'ils venaient d'interviewer, lorsqu'ils ont été enlevés, selon divers témoignages, par des agresseurs parlant la langue des Touareg.

Leurs cadavres ont été retrouvés moins de deux heures après par une patrouille française partie à leur recherche, à 12 km de Kidal. Ils avaient été tués l'un de deux balles, l'autre de trois, selon Laurent Fabius, qui a reconnu ne pas avoir "de certitude sur qui a commis cet assassinat".

Le ministre a évoqué des opérations en cours depuis dimanche pour retrouver les tueurs. Mardi, il a annoncé que 150 soldats français étaient arrivés la veille au soir en renfort à Kidal depuis le sud du Mali. Sept enquêteurs français sont également au Mali et devaient "voir comment se rendre dans cette zone qui doit être sécurisée", selon une source proche du dossier.

A.S. avec AFP