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Evacuation de migrants à Paris: qui sont-ils?

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Originaires d'Erythrée, d'Ethiopie ou encore du Soudan... les migrants de la Halle Pajol sont arrivés en France pour fuir la guerre et les persécutions des minorités.

Quelques jours après l'évacuation du campement de La Chapelle, plusieurs dizaines de migrants installés dans un campement improvisé dans le nord de Paris ont été délogés une nouvelle fois lundi après-midi par les forces de l'ordre, à la Halle Pajol cette fois et de façon plus musclée. La majorité d'entre eux viennent de la corne de l’Afrique: Erythrée, Ethiopie, Soudan... fuyant la guerre et les persécutions des minorités. BFMTV a rencontré plusieurs de ces migrants dont Mokhtar. Depuis son arrivée en France il y a 6 mois, ce jeune érythréen de 23 ans subit expulsion sur expulsion.

Les Erythréens fuient un système orwellien

Un rapport de l'ONU sorti lundi "a établi que des violations systématiques et à grande échelle des droits de l'Homme ont été et sont commises en Erythrée sous l'autorité du gouvernement (...) certaines pourraient constituer des crimes contre l'humanité". Cela provoque un exode massif avec des centaines de milliers d'Erythréens qui ont quitté leur pays. Ils constituent la seconde population après les Syriens à se lancer dans la périlleuse traversée de la Méditerranée.

Après 22 ans de régime du président Issaias Afeworki, le rapport évoque un système orwellien de surveillance de masse, où voisins et membres de la famille doivent rendre compte les uns sur les autres, où les personnes sont détenues pendant des années dans des conditions horribles sans même savoir pourquoi, où le service militaire à durée illimitée permet au régime de compter sur une main d'œuvre réduite à l'état d'esclavage pendant des décades. La torture est tellement répandue que "c'est une politique du gouvernement d'encourager son emploi", souligne le rapport.

"Pas pour but d'arriver chez nous"

La journaliste Cécile Allégra a remporté récemment le prix Albert Londres pour son documentaire coup de poing sur le trafic d'êtres humains dont sont victimes les Erythréens dans le Sinaï: Voyage en barbarie.

"Dans toute la corne de l'Afrique, il y a des camps", décrit-elle. Elle explique que les migrants qui se trouvent à Paris n'ont pas forcément "pour but d'arriver chez nous" à l'origine. C'est souvent en fuyant leur pays qu'ils croisent la route de trafiquants qui monnaient un voyage pour l'Europe. Elle décrit des personnes squelettiques, affamées, blessées. "Aujourd'hui on a une responsabilité collective", estime-t-elle.

"Parfois ils veulent aller ailleurs"

"Pour beaucoup, ce sont des personnes qui cherchent protection en France", rappelle Cécile Poletti, déléguée Île-de-France à la Cimade. "Il ne s'agit pas de migration de confort. Quand on est prêt à prendre ces risques-là c'est qu'on n'a pas le choix", estime-t-elle sur BFMTV.

"Fuyant la guerre souvent, ils sont arrivés jusque chez nous, et parfois ils veulent aller ailleurs", ajoute Catherine Wihtol de Wenden. La directrice de recherches au CNRS, spécialiste des migrations, explique que c'est pourquoi certains d'entre eux ne demandent pas l'asile. Ceux qui ne demandent pas l'asile en France veulent rejoindre des proches dans d'autres pays.

K. L.