Coup d'État au Gabon: Ali Bongo en "résidence surveillée", le couvre feu maintenu "jusqu'à nouvel ordre"

Photo des militaires clamant un coup d'État au Gabon mercredi 30 août 2023. - Gabon 24 / AFP
L'ESSENTIEL
- Une dizaine de militaires ont annoncé prendre le pouvoir pour mettre "fin au régime en place". Le président Ali Bongo Ondimba, tout juste réélu, a été placé "en résidence surveillée". Lire notre article
- Le commandant en chef de la Garde républicaine, le général Brice Oligui Nguema, a été nommé "président de la transition" par les militaires putschistes. Il avait affirmé plus tôt dans la journée qu'Ali Bongo était "mis à la retraite". Lire notre portrait du général
- Le chef de l'ONU et la France "condamnent" le coup d'État en cours. Environ 10.000 ressortissants français vivent au Gabon et le pays y possède des intérêts économiques. Lire notre article
Ce direct est terminé
Au soir du coup d'État militaire au Gabon, le président Ali Bongo est toujours en "résidence surveillée" tandis que le général Brice Oligui Nguema a été nommé "président de la transition".
Un couvre-feu est toujours en vigueur "jusqu'à nouvel ordre" et les frontières du pays restent fermées.
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"Ça ne peut pas être pire": la présidente d'un mouvement d'opposition se dit "soulagée" du putsch contre Ali Bongo au Gabon
Alors que des militaires ont annoncé avoir "mis fin au régime en place" au Gabon, Laurence Ndong, présidente de Debout Peuple Libre, un mouvement d'opposition gabonais, a assuré sur BFMTV qu'elle était "soulagée" qu'Ali Bongo soit "déposé".
"En dépit de toutes les manigances, les gens se sont déplacés pour aller voter. Les Gabonais vont du principe que ça ne peut pas être pire", a-t-elle déclaré sur notre antenne.
Elle a ajouté: "Le bilan d'Ali Bongo est calamiteux (...) Quand quelqu’un se noie, il est prêt à s’accrocher à la queue du serpent qui passe."
Le coup d'État "n'a rien à voir" avec celui survenu au Niger fin juillet
Si le coup d'État au Gabon est le deuxième de l'été en Afrique et le septième depuis 2020, il n'a rien à voir avec le précédent, survenu au Niger fin juillet.
"Le seul point commun avec le Niger, c'est que le chef de la garde présidentielle" prend part au coup d'État, commente Michel Gary, professeur de géopolitique à l'Institut libre d'étude des relations internationales (ILERI) au micro de BFMTV. Mais "pour des motifs totalement différents."
"Autrement, cela n'a rien à voir", continue le spécialiste.
"Il n'y a pas d'influence russe au Gabon par contre il y a une influence économique chinoise qui monte, qui est relativement importante."
Il n'y a pas non plus de "sentiment anti-français", rapporte Michel Gary.
Berlin condamne le putsch malgré "les critiques légitimes sur la transparence des élections"
Berlin a condamné le putsch au Gabon tout en affirmant qu'"il existe des critiques légitimes sur la transparence et la légalité des récentes élections".
Dans un courriel envoyé à l'AFP, un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères déclare que "même s'il existe des critiques légitimes sur la transparence et la légalité des récentes élections, ce n'est pas aux militaires d'intervenir par la force dans le processus politique".
Il ajoute: "les Gabonaises et les Gabonais doivent pouvoir décider librement et de manière autonome de leur avenir".
Pour une habitante de Libreville, la situation est "un rêve" pour la population
“La situation est calme, les Gabonais sont heureux de la nouvelle qui est tombée ce matin”, commente Carmen, une habitante de la capitale de Libreville contactée par BFMTV.
Elle explique que la population, qui en avait “ras-le-bol de ce système” où le “pouvoir appartenait à une poignée de personnes”, “manifeste sa joie pacifiquement dans les rues”.
Si la situation est “comme un rêve pour [eux]”, comme une “libération”, Carmen “attend de voir la suite”.
Elle espère que “les personnes qui ont pris le pouvoir vont [leur] offrir des choses meilleures, pour que les Gabonais retrouvent leur dignité”.
Le couvre-feu maintenu "jusqu'à nouvel ordre"
Les militaires putschistes ont annoncé qu'ils maintenaient "jusqu'à nouvel ordre" le couvre-feu instauré il y a quatre jours par le pouvoir du président déchu Ali Bongo Ondimba, "pour préserver le calme", dans un communiqué télévisé.
"Dès demain, les Gabonais pourront à nouveau librement vaquer à leurs occupations entre 06h et 18h. La restriction de circulation reste en vigueur de 18h à 06h du matin jusqu'à nouvel ordre", a déclaré un officier supérieur.
Le couvre-feu, auparavant de 19h à 06h, est donc allongé d'une heure.
Les putschistes rétablissent la diffusion des médias français suspendus
Les putschistes qui ont renversé Ali Bongo Ondimba, au pouvoir depuis 2009, ont annoncé le rétablissement de la diffusion des médias francophones internationaux qui avaient été suspendus samedi soir, jour de l'élection présidentielle.
Cette "interdiction provisoire de diffusion" visait exclusivement des médias francophones: France 24, RFI et TV5 Monde, auxquels il était "reproché un manque d'objectivité et d'équilibre".
Le général Oligui Nguema "ordonne la reconnexion de la fibre optique et le rétablissement des chaînes radios télévisées internationales", a annoncé un officier supérieur dans un communiqué lu à la télévision nationale.
Le général Brice Oligui Nguema nommé "président de la Transition" par les putschistes
Le commandant en chef de la Garde républicaine, l'unité d'élite de l'armée du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, a été nommé "président de la transition" par les militaires putschistes dans un communiqué lu à l'antenne de la télévision Gabon 24.
"Le général Oligui Nguema Brice a été désigné à l'unanimité président du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions, président de la transition", a déclaré un officier en présence de dizaines d'officiers supérieurs et généraux, qui représentent tous les corps de l'armée gabonaise.
La durée de la transition des militaires au pouvoir n'a pas été précisée.
Son portrait complet est à retrouver ici.
Sommet sur les forêts au Gabon: Nadège Abomangoli parle d'une "opération de démocratiewashing"
Emmanuel Macron s'était rendu au Gabon en mars dernier à l'occasion du Sommet sur les forêts, une visite perçue par certaines personnalités de l'opposition comme un soutien à Bongo avant la présidentielle.
"En tant que groupe parlementaire, on avait expliqué que cette démonstration, était pour Macron l'adoubement d'Ali Bongo", rappelle la députée LFI Nadège Abomangoli sur le plateau de BFMTV.

"Cette opération de greenwashing était aussi une opération de démocratiewashing", déclare-t-elle en précisant que cette situation est "une difficulté pour la France".
Lors d'un discours à Libreville, le président français avait toutefois nié toute ambition d'intervention en Afrique, affirmant que l'ère de l'ingérence était "révolue".
Le chef de l'ONU "condamne fermement la tentative de coup d'État en cours"
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, "condamne fermement la tentative de coup d'Etat en cours" au Gabon, a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric, appelant tous les acteurs à la "retenue" et au "dialogue".
Il "condamne fermement la tentative de coup d'Etat en cours comme moyen de résoudre la crise post-électorale" et appelle les forces de sécurité à "garantir l'intégrité physique du président de la République et de sa famille".
Le groupe minier français Eramet annonce la reprise de ses activités
Les activités au Gabon du groupe minier français Eramet vont reprendre progressivement dès ce soir.
"Compte tenu des informations disponibles ce soir sur les événements en cours au Gabon, le Groupe a décidé du redémarrage immédiat du transport ferroviaire et la reprise des activités d'extraction dès demain matin, jeudi 31 août", est-il précisé.
Le groupe minier avait annoncé mettre son activité à l'arrêt dans la matinée pour "protéger la sécurité de (son) personnel et l'intégrité de (ses) installations".
Lire notre article complet ici.
Pour la députée LFI Nadège Abomangoli, le "système Bongo" s'accapare "les pouvoirs institutionnels et économiques"
Invitée à s'exprimer sur la crise au Gabon, la députée Nupes-LFI de Seinte-Saint-Denis, Nadège Abomangoli, ne se dit pas surprise par cette tentative de coup d'État de la part des militaires.
"Il y avait un préalable à la fin de ce système installé depuis un demi-siècle", commente-t-elle.
"Le système Bongo, c’est un système d’accaparement des pouvoirs institutionnels et économiques", a déclaré la députée en rappelant que le pays se trouve dans un contexte post-covid difficile pour les Gabonais.
Elle ajoute: "Il y a de la part des peuples, une volonté d'autonomisation."
La France a des intérêts économiques forts au Gabon
Plus de 80 filiales d'entreprises françaises sont implantées dans le pays francophone, une ancienne colonie indépendante depuis 1960. Air France, Canal+, Havas ou encore Totalenergies installé depuis 1928...
Le Gabon, riche en pétrole, est le quatrième producteur de pétrole d'Afrique sub-saharienne et est membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Il est aussi le deuxième producteur mondial de manganèse, un métal utilisé dans la production d'acier et de batteries.
Le groupe minier français Eramet, qui emploie quelque 8000 personnes dans le pays d'Afrique centrale, a annoncé la mise à l'arrêt de ses activités.
Lire notre article ici.
La Maison Blanche dit "suivre de très près" le coup d'État
Washington a dit "suivre de très près" la tentative de coup d'État au Gabon.
John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a jugé "profondément inquiétante" la succession de coups d'Etat en Afrique ces dernières années.
Il a déclaré: "Nous allons rester concentrés sur le travail à faire avec nos partenaires en Afrique et toute la population du continent pour aider à soutenir la démocratie".
Marine Le Pen interpelle la ministre Catherine Colonna sur la situation au Gabon
La figure du Rassemblement national, Marine Le Pen demande à la ministre des Affaires étrangères sur X de préciser la "doctrine de la France dans ses relations avec ce pays historiquement ami".
Elle questionne la "cohérence" de la politique de la France en Afrique, ou encore les mesures "concrètes" prises pour la "protection des ressortissants" face aux "événements graves post-électoraux" qui se déroulent actuellement au Gabon.
"Il est impératif de réorienter la politique africaine de la France vers une coopération respectueuse des peuples et des souverainetés dans l’intérêt de nos continents respectifs", conclut-elle.
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Ali Bongo "est mis à la retraite" selon le chef de la Garde républicaine
Le chef de la Garde républicaine, Brice Oligui Nguema, porté en triomphe dans la matinée par les militaires, a déclaré, lors d'une interview au journal Le Monde, que le président Ali Bongo "est mis à la retraite".
Le général est vu comme le nouvel homme fort du pays.
Ali Bongo, actuellement en résidence surveillée, "est mis à la retraite, il jouit de tous ses droits. C'est un Gabonais normal, comme tout le monde", a déclaré le militaire putschiste.
"Il n'avait pas le droit de faire un troisième mandat, la Constitution a été bafouée, le mode d'élection lui-même n'était pas bon. Donc l'armée a décidé de tourner la page, de prendre ses responsabilités".
Notre article complet est à retrouver ici.
L'Union africaine "condamne fermement la tentative de coup d'État"
Après la France, la Russie et la Chine, au tour de l'Union africaine de condamner "fermement" la tentative de coup d'État des militaires au Gabon.
Le président de la Commission de l'Union africaine (UA) dénonçe, dans un communiqué, "une violation flagrante" des principes de l'organisation continentale.
Moussa Faki Mahamat "appelle l'armée nationale et les forces de sécurité à s'en tenir strictement à leur vocation républicaine, à garantir l'intégrité physique du président de la République (Ali Bongo Ondimba), des membres de sa famille, ainsi que de ceux de son gouvernement".
Un coup d'État célébré par certains Gabonais
Peu après la lecture de la déclaration des militaires dans la nuit, des tirs d'armes automatiques ont été entendus dans plusieurs quartiers de Libreville. Ces tirs, sporadiques, ont rapidement cessé.
Dans un quartier populaire de la capitale, une centaine de personnes, sur un pont, à pied ou en voiture, criait: "C'est la libération !" ou encore "Bongo dehors!". Au son des klaxons, ils ont salué et applaudi des policiers en tenue anti-émeutes au visage masqué.
Certains dansent avec des policiers et des militaires en tenue, a rapporté Ousmane Manga, journaliste indépendant à l'AFP.
Sur une vidéo, postée sur X (anciennement Twitter), on voit un militaire demandé à la population de ne rien casser: "préservons ce que nous avons", a-t-il déclaré sous les applaudissements.
Les récentes élections, jugées "tronquées", par les militaires ont été annulées
Samedi dernier, le président Ali Bongo a été réélu avec 64,27% des voix. Les putschistes ont annoncé, lors de leur prise de parole à la télévision gabonaise cette nuit, que "ces élections générales" ainsi que "les résultats tronqués" étaient annulés.
Ils ont estimé que l'organisation des élections n'avait "pas rempli les conditions d'un scrutin transparent" et ont dénoncé "une gouvernance irresponsable, imprévisible, qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale, risquant de conduire le pays au chaos".
Cela fait plus de 55 ans que la famille Bongo est au pouvoir: Ali Bongo avait succédé à son père, resté 41 ans à la tête du pays, en 2009.
Les militaires ont annoncé la dissolution de toutes les institutions du pays et la fermeture des frontières du Gabon "jusqu'à nouvel ordre".
Un numéro d'urgence mis à disposition des ressortissants français
Le ministère des Affaires étrangères a appelé les ressortissants français à "la plus grande vigilance", en particulier dans la capitale Libreville.
Un numéro d'urgence a été créé pour les 10.000 ressortissants : 00.33.1.43.17.51.00
"Il est recommandé d’éviter ou de limiter à l’essentiel tous les déplacements, de se tenir informé de la situation et de respecter les consignes de sécurité données par l’ambassade", écrit le quai d'Orsay sur son site internet.
Les touristes, ou toute personne de passage, sont quant à eux invités à s'enregistrer sur le fil Ariane du ministère, un système d'alerte.
Notre article à lire ici.
Le président Ali Bongo appelle "à faire du bruit, encore et encore"
Le président de 64 ans s'est exprimé depuis sa "résidence surveillée": il a appelé "tous les amis" du "monde entier" à "faire du bruit, encore et encore".
Ali Bongo explique que les militaires l'ont arrêté ainsi que sa famille. "Mon fils est quelque part, ma femme est ailleurs et je suis à la résidence en ce moment."
La Chine appelle à "garantir la sécurité" d'Ali Bongo
La Chine a appelé, ce matin, "les parties concernées" au Gabon à "garantir la sécurité" du président Ali Bongo Ondimba.
Et "à agir dans l'intérêt fondamental du peuple gabonais", a commenté un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.
Ce dernier a appelé les différents acteurs à "résoudre pacifiquement leurs différends par le dialogue, au retour immédiat à l'ordre normal".
Lorsque le président s'était rendu à Pékin au mois d'avril, son homologue chinois Xi Jinping l'avait alors qualifié de "vieil ami" de la Chine et avait salué ses "importantes réalisations" en matière de développement.
Le Commonwealth estime la situation "profondément préoccupante"
"Les informations concernant la prise de pouvoir illégale au Gabon sont profondément préoccupantes", a estimé la secrétaire générale du Commonwealth, Patricia Scotland, dans un communiqué.
Elle a rappelé que les membres du Commonwealth, organisation composée surtout d'anciennes colonies britanniques que le pays d'Afrique centrale a rejoint l'année dernière, devaient respecter "l'Etat de droit et les principes de démocratie".
Coup d'État des militaires: la Russie s'est dit "profondément préoccupée"
"La situation au Gabon est un sujet de profonde préoccupation" et "nous surveillons de près ce qui s'y passe", a déclaré aujourd'hui à Moscou le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
La France "condamne le coup d'État militaire qui est en cours"
"La France condamne le coup d'État militaire qui est en cours au Gabon", a annoncé ce mercredi le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, en indiquant que Paris "surveille avec beaucoup d'attention l'évolution de la situation".
La diplomatie française "réaffirme son souhait que le résultat de l'élection, lorsqu'il sera connu, puisse être respecté", a ajouté Olivier Véran lors d'une conférence de presse à l'issue du Conseil des ministres.
La première ministre, Elisabeth Borne, avait dit dans la foulée que la France suivait "avec la plus grande attention" la situation, lors d'une réunion devant les ambassadrices et ambassadeurs de France réunis à Paris.
Gabon: les militaires se sont emparés du pouvoir
Cette nuit, une dizaine de militaires ont annoncé mettre "fin au régime en place" au Gabon et avoir placé le président Ali Bongo "en résidence surveillée".
Ali Bongo, avait été réélu samedi dernier pour un troisième mandat avec 65% des voix. Un scrutin jugé "tronqué" par les militaires.
Les putschistes ont annoncé la dissolution de toutes les institutions du pays, du gouvernement au Sénat en passant par le Centre gabonais des élections.
La France, qui compte 10.000 ressortissants dans le pays et des intérêts économiques, "condamne" ce coup d'État.
Notre article à retrouver ici
Mélenchon affirme que Macron "aura, encore une fois, compromis la France"
"Aucune alerte n'aura été entendue", soutient le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon sur son compte X.
"Macron aura, encore une fois, compromis la France dans un soutien jusqu'au bout à l'insupportable", déplore-t-il.