Egypte: au moins 50 morts dans des heurts entre islamistes et policiers

Au Caire, des manifestants islamistes pro Mohamed Morsi dipersés par la police qui tire des gaz lacrymogènes. - -
C'est de nouveau l'escalade de la violence en Egypte, entre manifestants islamistes pro-Morsi et forces de police. Vendredi, quatre personnes ont été tuées, à l'issue de la grande prière lors d'affrontements entre pro et anti-Morsi, la police tirant à balles réelles.
Dimanche, au moins 50 personnes ont péri, à l'occasion du 40e anniversaire de la guerre israélo-arabe de 1973. Un premier bilan provisoire faisait état de 44 morts.
Aucun policier ne figure parmi les morts, selon un responsable du ministère de l'Intérieur. Il s'agit du bilan le plus lourd depuis la semaine de répression sanglante qui avait débuté le 14 août quand soldats et policiers avaient dispersé par la force deux rassemblements pro-Morsi au Caire. Des centaines de manifestants islamistes avaient alors été tués.
L'armée, qui réprime dans le sang depuis près de deux mois toute manifestation des pro-Morsi, avait déployé bien davantage de blindés que d'ordinaire dimanche au Caire.
Grenades lacrymogènes et armes automatiques
Dans le même temps, les anti-Morsi avaient demandé aux Egyptiens de descendre massivement dans la rue pour soutenir l'armée et les autorités, ce qui laissait redouter de nouvelles violences. Vendredi, au moins quatre civils avaient déjà péri dans des heurts entre pro et anti-Morsi au Caire.
Et dimanche, au moins 45 personnes ont été tuées au Caire et cinq autres dans différentes villes au sud de la capitale, a détaillé Ahmed al-Ansari, haut responsable au ministère de la Santé, sans préciser qui avait péri, où et dans quelles circonstances. Selon lui, 268 autres ont été blessées.
Dans la capitale dimanche, de violents heurts ont éclaté entre pro et anti-Morsi et les policiers anti-émeute qui ont dispersé les islamistes à coups de grenades lacrymogènes, de chevrotine et, parfois, de rafales d'armes automatiques, dès que leurs rassemblements grossissaient.
Des journalistes de l'AFP ont vu des policiers arrêter et battre plusieurs manifestants. Le ministère de l'Intérieur a accusé dans un communiqué les manifestants d'avoir ouvert le feu sur les forces de l'ordre et vandalisé des biens publics au Caire, contraignant les policiers à "intervenir". Selon le ministère, 423 personnes ont été arrêtées dans la capitale.
"L'armée, la police et le peuple sont ensemble, main dans la main"
Quelques milliers d'anti-Morsi s'étaient également rassemblés dimanche au Caire sur la place Tahrir. Une bonne dizaine d'avions de chasse de l'armée égyptienne a survolé une fois la capitale en formation et à très basse altitude pour commémorer la guerre de 1973.
Symbole de la toute puissance de l'armée au coeur du nouveau pouvoir, ces manifestants brandissaient de nombreux portraits non pas du président ou du Premier ministre mais du général Abdel Fattah al-Sissi, chef d'état-major, vice-premier ministre et ministre de la Défense, considéré comme le nouvel homme fort de l'Egypte et dont les photos ornent désormais la plupart des rues, boutiques et administrations du pays.
Le général Sissi, accompagné par le président par intérim Adly Mansour et par le Premier ministre jordanien Abdallah Nsour, a lui-même assisté à un feu d'artifices dans un stade militaire suivi d'un long spectacle de danse et de chansons, commémorant la guerre de 1973.
"L'armée, la police et le peuple sont ensemble, main dans la main... Nous protégerons l'Egypte, le peuple égyptien et la volonté des Egyptiens", a-t-il promis à la foule au milieu des acclamations.
De son côté, l'Alliance contre le coup d'Etat, dirigée par les Frères musulmans dont est issu Mohamed Morsi, a appelé à d'autres manifestations cette semaine et a notamment pressé les étudiants des universités égyptiennes et dans les écoles à manifester mardi "contre ces massacres qui se poursuivent".