Crash en Egypte: la piste d'un attentat privilégiée, Le Caire prudent

Une semaine après le drame, une nouvelle version des faits? Beaucoup plus prudente, ce coup-ci. Le ministre égyptien des Affaires étrangères a insisté samedi matin sur le fait qu'aucune "hypothèse" ne ressortait à ce stade de l'enquête sur le crash de l'avion de la compagnie russe Metrojet qui a fait 224 morts le 31 octobre.
Ces déclarations tranchent avec les dernières indiscrétions, se basant sur l'étude des boîtes noires, qui confortent la thèse d'un attentat, désormais "fortement" privilégiée. Londres et Washington avaient déjà ouvertement évoqué la piste d'une bombe dans l'appareil, parti le 31 octobre de Charm el-Cheikh, dans le Sinaï égyptien, en direction de Saint-Pétersbourg. Une thèse qui s'impose d'autant que "l'hypothèse d'une explosion avec pour origine une défaillance technique, un incendie ou autre, apparaît hautement improbable", a ajouté une source anonyme proche du dossier.
Les autorités égyptiennes circonspectes
Lors d'une conférence de presse, Sameh Choukri a ajouté que les renseignements sur la base desquels des pays ont mis en place des restrictions de vol vers l'Egypte "n'ont pas été fournis jusqu'à présent aux services de sécurité égyptiens".
Une conférence de presse du responsable égyptien de l'enquête et du ministre de l'Aviation civile devait par ailleurs avoir lieu à 15 heures GMT.
La Russie, d'abord restée prudente face à la thèse d'un attentat, a ordonné vendredi la suspension de ses vols civils vers l'Egypte. Le président Vladimir Poutine et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi ont toutefois convenu de renforcer la coordination en matière de sécurité aérienne afin de permettre la reprise des vols russes vers l'Egypte dès que possible, selon la présidence égyptienne. Vladimir Poutine a également demandé "le rapatriement des citoyens russes".
La sécurité de l'aéroport clairement remise en cause
Le rapatriement a commencé pour les 20.000 citoyens britanniques présents à Charm el-Cheikh, station balnéaire dans le sud du Sinaï. Huit vols transportant environ 1.400 touristes ont atterri vendredi et dans la nuit au Royaume-Uni. Il sont rentrés avec des bagages à main, les autres plus volumineux devant leur être envoyés ultérieurement.
Ben Khosravi, 27 ans, qui a atterri à Londres-Luton, se montrait très critique sur le dispositif de sécurité à l'aéroport de Charm el-Cheikh. "On a des amis qui avaient des briquets dans les poches, les agents vous palpaient mais ne vous demandaient pas de retirer les objets (des poches) (...) C'était inquiétant de voir avec quelle facilité on pouvait passer (le contrôle). Vous pouviez payer des gens pour passer plus vite", a-t-il déclaré. Sept vols étaient prévus samedi au départ de Charm el-Cheikh vers la Grande-Bretagne.
A Washington, le ministre américain de la Sécurité intérieure a annoncé que "certains" aéroports du Moyen-Orient avaient été priés de renforcer leurs mesures de sécurité pour les vols en direction des Etats-Unis, par "précaution". Après les premières déclarations jugeant probable la thèse de l'attentat, plusieurs compagnies étrangères dont les britanniques avaient suspendu leurs vols vers et en provenance de Charm el-Cheikh alors que la France, la Belgique et le Danemark ont déconseillé à leurs ressortissants de s'y rendre.
Ce drame risque de porter un nouveau coup dur au tourisme en Egypte, un pays déjà affecté par des années d'instabilité depuis la chute de Hosni Moubarak à l'issue d'une révolte populaire en 2011.