Avion d'Air Algérie: le point sur la situation

La compagnie a annoncé avoir perdu jeudi le contact avec un de ses appareils assurant la liaison entre Ouagadougou et Alger. 51 Français se trouvaient à bord de l'avion, qui "s'est probablement écrasé".

Un avion de la compagnie aérienne Air Algérie, qui effectuait la liaison entre Ouagadougou et Alger, se serait écrasé jeudi au nord du Mali, après avoir disparu des écrans radars cinquante minutes après son décollage. Au moins 116 passagers de plusieurs nationalités, dont 51 Français, étaient à bord de l'appareil, dont "aucune trace n'a encore été retrouvée", selon le chef de la diplomatie française Laurent Fabius. Une enquête préliminaire pour "homicides involontaires" a été ouverte par le parquet de Paris. Plusieurs pistes sont à l'étude, mais les raisons météorologiques semblent pour le moment privilégiées. Le point sur ce que l'on sait.

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> Que s'est-il passé?

Le vol AH5017 de la compagnie Air Algérie assurait la liaison entre Ouagadougou et Alger. L'avion a décollé de l'aéroport de la capitale du Burkina Faso vers 1h du matin (heure locale), dans la nuit de mercredi à jeudi.

Cinquante minutes à peine après le décollage, l'appareil disparaissait des écrans radars. Le contact entre les services de navigation et l'équipage a été perdu alors que l'appareil survolait le nord du Mali.
L'armée française a envoyé deux Mirage 2000, basés à N'Djamena au Tchad, pour effectuer des recherches entre le dernier point où l'avion a été localisé et "sa trajectoire probable", a précisé le porte-parole de l'état-major.

Selon Laurent Fabius, ministre des français Affaires étrangères, "l'avion s'est probablement écrasé". "Il est sorti de sa route pour des raisons météorologiques", a-t-il ajouté, avant d'insister sur le fait qu'"aucune trace de l'appareil n'a encore été retrouvée". Par ailleurs, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "homicides involontaires".

L'épave repérée au Nord du Mali ? Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a affirmé jeudi à Bamako que "l'épave" avait "été aperçue" dans la région de Kidal, dans l'extrême nord-est du Mali. "L'épave a été aperçue entre Aguelhoc et Kidal", près de la frontière algérienne, a déclaré le président malien lors d'une rencontre avec des représentants de partis politiques, de la société civile et de la presse.

Selon le chef d'état-major particulier de la présidence burkinabè jeudi soir, l'épave de l'avion d'Air Algérie disparu aurait été retrouvée dans le nord du Mali, près de la frontière avec le Burkina Faso. "Nous venons de retrouver l'avion algérien. L'épave a été localisée à 50 km au nord de la frontière du Burkina Faso", dans la zone malienne de Gossi, a déclaré à la presse le général burkinabè Gilbert Diendiéré, à l'issue d'une réunion de crise à Ouagadougou et après en avoir informé Blaise Compaoré, président du Burkina Faso. Le général burkinabè a toutefois indiqué ne pas avoir d'informations sur le sort des passagers.

> Qui sont les victimes?

L'appareil, un McDonnell 83, affrété auprès de la compagnie espagnole de leasing Swiftair, transportait, "51 Français" et "14 autres nationalités, dont l'équipage espagnol", a indiqué le ministre français des Affaires étrangères.

Selon le dernier bilan fourni par Air Algérie, l'avion a décollé de Ouagadougou avec également 24 Burkinabés, huit Libanais, six Algériens, six Espagnols, cinq Canadiens, quatre Allemands et deux Luxembourgeois. Il y avait aussi un Belge, un Camerounais, un Egyptien, un Malien, un Nigérien, un Roumain, un Suisse, un Ukrainien et "3 nationalités en cours de recherche".

Des passagers devaient emprunter, après escale à Alger, un vol pour Paris ou Marseille, a précisé la direction générale de l'aviation civile (DGAC). Le ministère français des Affaires étrangères a mis en place un numéro d'urgence: [phone]. Un millier d'appels ont été recensés dès les premières heures.

Les aéroports de Roissy-Charles-de-Gaulle et Marseille ont également activé une cellule de crise.

> Quels scénarios possibles?

• Un crash en raison de mauvaises conditions climatiques ? Selon le Quai d'Orsay, l'avion "est sorti de sa route pour des raisons météorologiques". Information validée par plusieurs sources, dont un contrôleur aérien malien qui évoque de "forts orages" dans la nuit de mercredi à jeudi survenus dans la région de Gao. Fanny Agostini, notre spécialiste météo, l'assure également: "Il y avait de gros orages sur le Mali, mais pas seulement, sur toute une bande allant du Sénégal jusqu’au Golfe de Guinée. C’est ce qu’on appelle une zone de convergence intertropicale des alizées".

Une source au sein d'Air Algérie a aussi fait valoir un manque "de visibilité": "L'avion n'était pas loin de la frontière algérienne quand on a demandé à l'équipage de se dérouter à cause d'une mauvaise visibilité et pour éviter un risque de collision avec un autre avion assurant la liaison Alger-Bamako". Pour le spécialiste Bruno Lancesseur, rédacteur en chef de La Lettre AeroDefenseNews, "l’avion est peut-être entré dans une zone nuageuse violente voire une tempête de sable".

• Un problème technique ? "Cela peut être un problème de moteur qui va exploser et qui ne laissera pas le temps à l’équipage d’envoyer un signal de détresse", avance aussi Bruno Lancesseur, "Le MD80 est un avion qui date des années 80/90, ce n’est donc pas un avion tout jeune… la piste d’un problème mécanique est probable", a-t-il ajouté.

• La piste terroriste ? Rappellons que l'appareil survolait le Nord du Mali, au moment où il a disparu des radars. Malgré une intervention militaire internationale encore en cours, la situation est toujours instable dans le nord du pays, occupé pendant plusieurs mois en 2012 par des groupes armés jihadistes.

Laurent Fabius n'exclut "aucune hypothèse". Le chef de la diplomatie française a indiqué jeudi soir sur France 2 qu'"on ne peut pas, on ne doit exclure aucune hypothèse avant d'avoir tous les éléments".

Mélanie Godey