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Affaire de proxénétisme sur mineures: le "cerveau" gérait le réseau depuis la prison de Béziers

Image d'illustration.

Image d'illustration. - DAMIEN MEYER / AFP

Le cerveau du réseau de proxénétisme sur mineures, dont les quatorze membres présumés comparaissent depuis ce lundi 6 octobre au tribunal correctionnel de Toulouse, organisait tout depuis sa cellule de prison de Béziers. Il a reconnu les faits.

Un réseau de prostitution de mineures géré depuis le centre pénitentiaire de Béziers. Entendu par le tribunal correctionnel de Toulouse pour proxénétisme aggravé ce mardi 7 octobre, celui qui est décrit comme le cerveau a reconnu les faits, tout en minimisant leur gravité, affirmant que les adolescentes étaient consentantes.

Le procès des quatorze membres présumés du réseau, qui s'est ouvert ce lundi 6 octobre, se termine ce vendredi 10 octobre.

Un "recrutement" à l'ASE

"Franchement ça m'a plu, c'était comme une entreprise", a déclaré devant le tribunal correctionnel de Toulouse le prévenu de 29 ans, surnommé "Mowgli" par le reste du groupe. "Je suis un commercial. Le proxénétisme, c'est de l'amour, les personnes étaient consentantes".

Le réseau recrutait à Toulouse des adolescentes placées ou suivies par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) afin de les prostituer en France, en Belgique et en Suisse. Les faits se sont déroulés en 2023 et 2024. Selon les enquêteurs, une prostituée du réseau pouvait recevoir "entre 20 et 30 clients par jour".

Virulent vis-à-vis à la présidente du tribunal, qui lui demande de garder son calme, le prévenu lui reproche de ne pas le laisser parler et lui lance "vous bafouez mes droits, vous voulez me faire passer pour un monstre".

Des mineures retenues de force

Une victime, qui n'avait que 15 ans, a assuré aux enquêteurs avoir été séquestrée alors qu'elle ne voulait plus continuer à se prostituer.

Arguant une "paranoïa", le prévenu a réfuté ces faits, tout comme il a nié avoir forcé les jeunes filles. Mais revendique plus tard l'existence de "contrats": "quand on commence un contrat, c'est jusqu'à la fin", assure-t-il.

Il admet ne pas avoir vérifié l'âge des jeunes filles. "Certes, je n'ai pas demandé de carte d'identité", a-t-il à la présidente Valérie Raymond, avant d'ajouter "comment est ce que je pouvais savoir qu'elle était née en 2009?".

La présidente et les avocats des parties civiles ont questionné durant environ deux heures le prévenu, qui dément toute forme de contrainte. "La femme est payée, ce n'est pas un viol", estime-t-il.

"Des vies détruites, un rapport au corps erroné"

"On voit la dangerosité qui est la sienne", a réagi après l'audience l'une des avocates des parties civiles, Tabatha Merlateau, questionnée par l'AFP.

Guillaume Leguevaques, lui aussi avocat d'une des victimes, relate à l'AFP avoir constaté "les ravages de la prostitution de mineures. C'est des vies détruites, un rapport au corps erroné". Il espère une "prise de conscience" de la vulnérabilité de ces enfants prostituées.

Détenu au centre pénitentiaire de Béziers au moment des faits, "Mowgli" est toujours incarcéré, à l'isolement, et purge une peine de 25 ans pour violences sur son ex-compagne, qui s'est suicidée.

Quatorze prévenus sont jugés par le tribunal correctionnel de Toulouse pour leur appartenance à deux réseaux de prostitution de mineures. Dans un second temps, huit mineurs seront jugés par le tribunal des enfants dans cette même affaire.

S.M avec AFP