TOUT COMPRENDRE - Participants, enjeux: comment va se passer la COP26, qui s'ouvre ce week-end?

Le Scottish Event Campus qui accueillera la COP26, la grande conférence internationale sur le climat, le 4 octobre 2021 à Glasgow (Écosse). - Andy Buchanan
Elle devait se tenir fin 2020, mais le Covid en a décidé autrement. La COP26, la nouvelle conférence internationale sur le climat, doit s'ouvrir ce week-end et durer près de deux semaines à Glasgow, en Écosse. L'occasion pour les 197 pays participants de se prononcer sur de nouveaux engagements afin de lutter contre le réchauffement climatique.
À compter de dimanche, près de 200 délégations vont se réunir dans la principale métropole écossaise pour évoquer, discuter et se mettre d'accord sur des mesures à mettre ensemble en oeuvre pour réduire les émissions de CO2.
Alok Sharma, ancien secrétaire d'État britannique à l'Énergie et à l'Industrie, présidera cette 26e conférence des parties signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Se regrouperont dans les cinq salles de conférence du Scottish Event Campus quelque 20.000 personnes, des diplomates mais aussi des chercheurs, chefs d'entreprises, ONG et des journalistes jusqu'au 12 novembre 2021.
Tout cela se déroulera néanmoins dans la Blue Zone, hautement sécurisée et réservée aux officiels. En parallèle de celle-ci se trouvera la Green Zone, où associations et personnalités de la société civile doivent organiser une multitude d'événements ouverts cette fois au public et diffusés sur les réseaux sociaux. La liste exhaustive des événements est à retrouver ici.
• Quels seront les moments forts de la COP?
Premier moment marquant: la venue à Glasgow début novembre des chefs d'État et de gouvernement. Plus de 120 dirigeants sont attendus sur place lundi et mardi prochain, dont l'Américain Joe Biden, l'Indien Narendra Modi, le Français Emmanuel Macron, ou l'Australien Scott Morrisson. Chacun prendra la parole pour notamment évoquer les engagements qu'entendent respecter leurs pays respectifs. La reine Elizabeth II, particulièrement attendue, a finalement dû renoncer à sa présence "sur avis médical". Les négociations entre États se dérouleront avant, pendant et après ces déclarations.
Enfin, les digireants s'exprimeront à nouveau les 9 et 10 novembre prochains, quelques jours avant la clôture, pour de nouveau revenir sur les mesures qu'ils comptent mettre en oeuvre pour réduire leurs émissions.
• Quels sujets seront abordés?
Parmi les sujets explosifs liés à cette même justice, la solidarité entre le Nord, responsable du réchauffement, et le Sud, en première ligne face aux impacts du changement climatique, mais aussi du Covid-19. Et plus spécifiquement la promesse toujours non tenue des pays développés de porter à 100 milliards de dollars par an en 2020 leur assistance aux pays pauvres pour s'adapter aux conséquences et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Le rapport présenté cette semaine par la présidence de la COP26, qui assure pouvoir atteindre les 100 milliards en 2023 et ensuite les dépasser chaque année, n'a pas atténué la colère des pays les plus vulnérables, loin de là.
Autres sujets contentieux au coeur des deux semaines de discussions, la sortie des énergies fossiles, en premier lieu du charbon, l'accélération nécessaire de l'adaptation aux impacts du réchauffement, ou encore les négociations pour terminer enfin le mode d'emploi de l'Accord de Paris, notamment sur le fonctionnement des marchés carbone.
• Pourquoi l'obtention d'un accord s'annonce "difficile"?
Plusieurs officiels du pays hôte n'ont toutefois pas caché leur scepticisme quant aux avancées pouvant surgir de la COP26. Boris Johnson a d'ores et déjà mis en garde sur les risques d'échec lundi, se disant "très inquiet parce que ça peut mal se passer": "c'est très très difficile, mais je pense qu'on peut y arriver". La semaine dernière, le président de la COP26, le Britannique Alok Sharma, a estimé qu'il serait "plus difficile" d'obtenir un accord à Glasgow qu'à Paris.
Face à l'avenir apocalyptique prédit par les scientifiques climat de l'ONU (Giec), la solution est claire: réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45% d'ici 2030 pour limiter le réchauffement à +1,5°C, objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, et poursuivre pour atteindre la neutralité carbone autour de 2050. Mais selon un récent rapport de l'ONU, même avec les nouveaux engagements des États pour 2030, la planète se dirige vers un réchauffement "catastrophique" de +2,7°C.
Pour Antonio Guterres, les gouvernements "ne sont pas à la hauteur". Le secrétaire général de l'ONU a notamment pointé du doigt les pays du G20 qui représentent près de trois quarts des émissions mondiales et qui se réunissent en sommet ce week-end à Rome.
"Il est absolument central que tous les pays du G20 présentent avant Glasgow ou à Glasgow des contributions compatibles avec +1,5°C", a insisté Antonio Guterres, "profondément inquiet" à l'approche de la conférence internationale.
Une bonne nouvelle toutefois sur ces déclarations peu réjouissantes: la Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, a officiellement soumis jeudi de nouveaux engagements, à savoir l'atteinte du pic d'émissions "avant 2030" et la neutralité carbone "avant 2060".