Départs de feu: pourquoi les abords des routes sont particulièrement à risque

Les violents incendies qui frappent le sud de la France depuis la canicule de la semaine dernière ont atteint un paroxysme mardi, les flammes, poussées par le mistral, atteignant Marseille, alors que des milliers d'hectares sont partis en fumée dans l'Hérault et l'Aude, plus à l'ouest.
Parti en fin de matinée des Pennes-Mirabeau, localité limitrophe de la cité phocéenne, le feu, qui a brûlé plus de 700 hectares, a été déclenché par "une voiture qui s'est embrasée au bord de l'autoroute", a déclaré Martine Vassal, présidente de la Métropole d'Aix-Marseille-Provence, ce mardi. Cet incendie était en "très nette régression" mercredi matin, selon le préfet, même s'il n'est toujours pas fixé.
Dans l'Aude, département particulièrement touché ces derniers jours, un feu a brûlé le week-end dernier 430 hectares. Selon la préfecture, il a également été causé par "un véhicule qui a pris feu au bord de l'autoroute".
Voitures en feu, mégots...
Comme l'explique le site du ministère de la Transition écologique, "les bords de route, les terrains agricoles, les friches" sont des espaces "sensibles et à risque" pour les départs de feu.
"Les abords des routes sont toujours des lieux où les départs de feux sont assez fréquents pour la simple et bonne raison qu'il y a déjà une activité humaine assez importante, par le réseau routier", confirme à BFMTV.com Eric Brocardi, porte-parole de la fédération nationale des sapeurs-pompiers.
Or, en France, 9 feux de forêts sur 10 sont d'origine humaine, selon Géorisques, le site officiel sur les risques sur le territoire français. Sur les routes, ce sont surtout "des défaillances de véhicules qui causent des départs d'incendie", ainsi que des "actes de négligence, comme des jets de cigarette", précise Eric Brocardi.
"Pour prévenir ces départs de feu, il faut continuer à rabâcher toujours les messages de prévention, ne pas adopter d'acte qui soit négligeant vis-à-vis de l'environnement et de la population", ajoute-t-il.
Des infractions repérables
C'est ce qu'essaie de faire la Fondation Vinci autoroutes, l'organisme du gestionnaire d'autoroutes qui a pour but de promouvoir la conduite responsable. Bernadette Moreau, déléguée générale de la fondation, déplore "une sous-estimation du risque" lié au jet de mégot par la fenêtre de la part des fumeurs.
Selon un sondage mené en 2024 par l'institut Ipsos pour la Fondation Vinci Autoroutes, près d'un fumeur sur quatre (24%) admet jeter des mégots de cigarette par la fenêtre de sa voiture sur l'autoroute. Mais ces mégots peuvent voler très vite avec le vent et, mal éteints, entraîner des départs de feux.
La Fondation Vinci autoroutes mène donc tous les étés une campagne "Stop mégots". "Cette opération consiste à s'installer sur des aires de service et à sensibiliser, en présence souvent de représentants des pompiers" et à "aller à la rencontre des fumeurs pour leur remettre un cendrier de poche", développe Bernadette Moreau. La fondation a cet été, comme l'an passé, 25.000 cendriers de poche à distribuer.
La vigilance est également de mise concernant l'état de la voiture dans laquelle on circule. "Il s'agit de conserver des normes de sécurité, donc arrêt sur la borne d'arrêt d'urgence, mais avant d'en arriver à un incendie, ça veut dire qu'il y a eu probablement une défaillance sur le véhicule qui a besoin d'être révisé", estime Eric Brocardi.
"Il faut aussi se rappeler qu'un geste anodin est aujourd'hui très facilement repérable avec les caméras qui sont positionnées aux abords des autoroutes. L'auteur de l'infraction peut être retrouvé", prévient-il encore.
Un incendie a ainsi mené un homme à être incarcéré la semaine dernière: dans l'Aude toujours, un feu est parti le 29 juin d'un barbecue mal éteint qu'un commerçant ambulant et traiteur transportait sur une remorque, alors qu'il circulait sur l'autoroute Toulouse-Narbonne, au retour d'un mariage. Le conducteur de la remorque, qui a reconnu les faits et exprimé des regrets, a été mis en examen pour incendie involontaire et placé en détention provisoire.