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Climat

COP21: 600 panneaux publicitaires piratés pour dénoncer les sponsors

On connaissait l'impact des combustibles fossiles mais publiquement, nous le nions.

On connaissait l'impact des combustibles fossiles mais publiquement, nous le nions. - Brandalism

Un mouvement activiste britannique a piraté 600 panneaux publicitaires parisiens JCDecaux à la veille de l'ouverture de la Cop21, remplaçant la publicité qu'ils contenaient par un détournement ou une œuvre d'art. L'objectif est de dénoncer l'hypocrisie des sponsors de la conférence.

Volkswagen s'excusant: "Désolés, on s'est fait prendre"; Air France admettant "Nous sommes une part du problème"; Total expliquant: "Notre philosophie: vous n'avez pas besoin de savoir"... Non, les grandes multinationales qui sponsorisent la Cop21 ne sont pas prises d'un sorte de mea culpa général. Ces panneaux, que vous avez peut-être vus, ont été piratés par un groupe d'activistes entendant dénoncer l'hypocrisie de la grande conférence sur le climat.

Le mouvement britannique Brandalism, contraction entre brand (marque) et vandalism, a organisé une spectaculaire opération de détournement le 28 novembre. Six cents œuvres d'art et fausses publicités ont été installées à la place de véritables réclames dans les équipements JCDecaux de Paris... qui est l'un des sponsors de la Cop21.

"Comme s'ils faisaient partie de la solution"

De son côté, JCDecaux confirme que 600 panneaux "publicitaires sont concernés" et promet d'enlever les fausses affiches "dans les heures qui viennent".

"Mêmes bêtises, nouvelle conférence."
"Mêmes bêtises, nouvelle conférence." © Brandalism

L'opération vise à dénoncer l'hypocrisie des grands groupes industriels qui parrainent la conférence. Joe Elan, du mouvement Brandalism, explique dans le communiqué de presse qu'"en sponsorisant les négociations climatiques, des pollueurs importants tels qu'Air France et Engie peuvent faire leur promotion comme s'ils faisaient partie de la solution, alors qu'ils font en fait partie du problème."

"Nous reprenons possession des espaces publicitaires"

Placer ainsi des œuvres d'art non autorisées dans la ville est, selon Brandalism, une manière de se faire entendre et de créer le débat alors que l'état d'urgence empêche les militants de manifester. Tous ces visuels ont été créés selon un thème unique: souligner les liens entre consumérisme, publicité, dépendance aux énergies fossiles et changement climatique. 

Sur le site de Brandalism, l'un des artistes exposés précise:

"Nous reprenons possession des espaces publicitaires car nous voulons dénoncer le rôle que la publicité joue en faisant la promotion d'un consumérisme insoutenable".

"On est désolés de s'être fait prendre."
"On est désolés de s'être fait prendre." © Brandalism

Les œuvres sont signées de 80 artistes issus de 19 pays différents, y compris quelques Français: Alex One, Arnaud Liard, Millo and ZAD, Eube, Automedia, AntiCOP21.org ou Anti. Un certain nombre de ces 80 artistes ont exposé dans le faux parc d'attraction créé l'été dernier par Banksy, Dismaland.

Ce n'est pas un coup d'essai pour Brandalism, qui avait déjà organisé des opérations similaires dans plusieurs villes britanniques ces deux dernières années. Mais, selon eux, celle-ci, avec ses 600 panneaux piratés, est la plus importante qu'ils aient jamais réalisée. 

Le mouvement a publié une vidéo "making of" de son opération: