BFMTV
Doubs

"Un bras d'honneur au Vivant": l'abattage de 600 chamois dans le Doubs provoque une vive controverse

Un chamois dans les Alpes-Maritimes, le 28 juin 2015. (Photo d'illustration)

Un chamois dans les Alpes-Maritimes, le 28 juin 2015. (Photo d'illustration) - CC/Flickr/Jean Latour

Le plan de chasse dans le Doubs autorise l'abattage de près de 600 chamois dans le Doubs pour la saison. Mais des associations contestent le bien-fondé de cette décision et Brigitte Bardot dénonce un "massacre".

Le sort des chamois du Doubs a ému jusqu'à la plus célèbre défenseuse des animaux. Dans une lettre ouverte adressée au préfet, Brigitte Bardot a dénoncé ce mardi 31 décembre le "massacre" des caprinés dans le département.

Dans ce texte, l'ancienne actrice dit "apprend(re) avec effroi que le plan de chasse du Doubs, en cours jusqu'au 29 janvier 2025, autorise le prélèvement de près de 600 chamois".

"Vous ne pouvez et vous ne devez pas cautionner et vous rendre complice d'un tel massacre", martèle-t-elle.

Brigitte Bardot n'est pas la seule à monter au créneau pour se porter au secours des chamois du Doubs. Y voyant "un bras d'honneur au Vivant", l'association Humanimo a lancé une pétition en ligne et celle-ci réunissait plus de 63.000 signatures ce mardi après-midi.

Des chamois accusés de causer des dégâts

Le 21 août dernier, et sur proposition de la commission de la chasse et de la faune sauvage, Rémi Bastille, le préfet du Doubs, a en effet fixé le plan de chasse pour la saison 2024-2025 à une fourchette entre 259 et 594 chamois. Le même arrêté concernant les cerfs fixe leur prélèvement entre 72 et 209 bêtes.

Cette décision, les services de l'État la justifiaient dès le mois de juillet par la prévention des dégâts forestiers commis par les deux espèces et par l'absence de prédateurs permettant de réguler la population des chamois.

"Le chamois vient croquer avec sa gueule pour pouvoir manger le bourgeon. Du coup, l'arbre est mort et ne pourra plus rapporter de bois au niveau de la forêt", explique à TF1 Jean-Marie Bouillon, président de la fédération des chasseurs du Doubs.

De leur côté, les éleveurs du département se plaignent que les chamois dévastent les pâtures et mangent l'herbe servant à nourrir les bovins.

Le nombre de caprinés en débat

La polémique prend également les allures d'une bataille de chiffres. Selon Aurélia Barteau, la cheffe du service eau, risques, nature et forêt de la Direction départementale des territoires (DDT) du Doubs interrogée par TF1, le nombre de chamois a doublé depuis 1987 et croîtrait de 10 à 15% tous les ans. Une tendance contestée notamment par l'Association pour la protection des animaux sauvages, qui avance un chiffre de 1.140 chamois en 2024, contre 1.396 en 2023.

"Quant à l’absence de prédateurs, en particulier dans le Doubs, on ne peut qu’être surpris car au même moment, l’abattage du loup est très largement pratiqué et son éradication est même revendiquée par certains", pointe Humanimo dans sa pétition en ligne.

L'association a remis à la mi-décembre la pétition en ligne au préfet du Doubs et a également déposé un recours devant le tribunal administratif pour suspendre le plan de chasse alors qu'au moins 200 chamois ont déjà été abattus, d'après Le Monde.

Vincent Gautier