Procès Péchier: une infirmière explique comment une victime a failli mourir "par hasard"

L'ancien anesthésiste français Frédéric Péchier s'adresse à la presse à son arrivée au palais de justice de Besançon, à Besançon, dans le nord-est de la France, le 8 septembre 2025. - Romeo BOETZLE © 2019 AFP
Au sixième jour du procès de Frédéric Péchier, l'ex-anesthésiste de Besançon soupçonné d'avoir provoqué 30 empoisonnements dont 12 mortels entre 2008 et 2017, la cour d'assises du Doubs a entendu plusieurs nouveaux témoignages. Parmi eux, celui d'une infirmière qui a raconté comment elle a choisi de façon aléatoire une poche de perfusion qui a failli tuer, Sandra Simard, une patiente opérée en 2017 à Besançon.
Un choix fait par "hasard"
Le 11 janvier 2017, Sandra Simard, 36 ans, arrive à 6h30 en salle d'accueil pour une opération du dos à la clinique Saint-Vincent. Elle sera l'avant-dernière victime des 30 empoisonnements imputés au docteur Péchier.
"C'est moi qui m'en suis occupée, raconte l'infirmière Sandrine Bravo, voix nette et tête haute, devant la cour d'assises du Doubs. Je suis allée à l'armoire principale pour prendre une poche de Ringer lactate (un soluté de réhydratation, NDLR), je l'ai désoperculé, je suis allée vers ma patiente et je l'ai perfusée".
Dans cette armoire se trouvaient "deux étagères" sur lesquelles étaient empilées "plusieurs couches" de bouteilles de solutés, selon elle.
"Donc, vous auriez pu prendre ce jour-là n'importe quelle poche?", interroge l'avocat de Frédéric Péchier, Randall Schwerdorffer. "Absolument", répond-t-elle.
"Le fait que cette poche arrive à madame Simard, c'est le plus grand des hasards? C'est votre main qui l'a déterminé?", demande de nouveau l'avocat. "Oui", rétorque la soignante.
La patiente a échappé de peu à la mort
Un échange à contre-courant de la thèse des enquêteurs selon laquelle Frédéric Péchier cherchait à nuire à certains de ses collègues avec qui il était en conflit, en frelatant les poches de perfusion de leurs patients pour provoquer un arrêt cardiaque.
Si la poche était choisie aléatoirement, l'anesthésiste ne pouvait pas viser spécifiquement un collègue, fait en substance valoir la défense. Sur la fin de l'opération, la patiente fait un arrêt cardiaque soudain.
L'anesthésiste référente, Anne-Sophie Balon, et deux cardiologues arrivent en urgence pour la réanimation. D'autres anesthésistes également. Pendant la réanimation, l'infirmier anesthésiste Yann L'Hosti se rappelle avoir vu le docteur Péchier.
"Quand un événement est inhabituel dans un bloc, tout les autres blocs sont généralement assez vite mis au courant" et les anesthésistes viennent prêter main forte, selon lui.
Sandra Simard a finalement échappé à la mort. Le verdict du procès est attendu le 19 décembre prochain.