"Il sortait tout le temps quand j'étais dans mon jardin": un enquêteur, voisin de Frédéric Péchier, évoque leurs tensions de voisinage

L'ancien anesthésiste Frédéric Pechier arrive au tribunal de Besançon le deuxième jour de son procès pour avoir intentionnellement empoisonné 30 patients le 9 septembre 2025. - SEBASTIEN BOZON / AFP
Au quatrième jour du procès de Frédéric Péchier, l'ex-anesthésiste de Besançon soupçonné de 30 empoisonnements dont 12 mortels, la cour d'assises du Doubs entend, ce jeudi 11 septembre matin, un ancien enquêteur dans cette affaire qui n'est autre que l'ancien voisin de Frédéric Péchier à Montfaucon (Doubs). Il détaille notamment devant la cour les tensions de voisinage avec l'accusé.
Il est un peu plus de 9 heures, ce jeudi matin, quand Fabrice Charligny, commandant de police et enquêteur dans cette affaire, s'avance à la barre. Cheveux poivre et sel, rasé de près, il commence sa déposition: "j'étais son voisin, je le connaissais de vue", retrace-t-il.
Les deux hommes habitaient, l'un à côté de l'autre à Montfaucon, une commune située à 10 kilomètres de Besançon, avant que le contrôle judiciaire de Frédéric Péchier ne lui interdise de paraître dans le Doubs.
Garde à vue et premier incident
"D'après des rumeurs qui m'étaient revenues, j'aurais eu des relations exécrables avec Monsieur Péchier, c'est faux", indique l'enquêteur. "J'habitais en dessous du docteur Péchier. Sa maison surplombait la mienne, et en particulier mon balcon. Son épouse est venue se présenter en 2013 quand nous avons déménagé, mais on n'a jamais été en contact, on ne s'est jamais reçu."
Au printemps 2017, après la première garde à vue de Frédéric Péchier, à laquelle l'enquêteur n'a pas participé, un premier incident éclate entre les deux hommes: "Monsieur Péchier venait régulièrement s'accouder à son balcon et il nous fixait quand nous étions dehors."
"C'est monté d'un cran quand il a commencé à avoir des propos méprisants envers mon épouse, au printemps 2017", ajoute-t-il.
"Putain, t'as vu sa gueule", aurait dit Frédéric Péchier un jour à sa femme, en parlant de l'épouse du policier. "Une autre fois, il a dit 'il y en a marre de cette promiscuité' puis il nous a filmés."
Un an plus tard, en mars 2018, la situation ne semble pas s'apaiser: "Ma femme descendait chercher notre fille à l'arrêt de bus, Monsieur Péchier également. Au retour, il s'est placé devant notre voiture et a mis les warning sur 700 mètres, en roulant doucement", poursuit l'ancien enquêteur.
Quelques jours après ce fait, un nouvel incident éclate: "Il sortait tout le temps quand j'étais dans mon jardin, quand je promenais mon chien. J'ai peut-être fait une erreur, je lui ai alors fait un geste d'énervement de la main."
L'enquêteur raconte à la barre, que Frédéric Péchier lui a répondu: "C'est une menace, je vais le dire aux gendarmes." "J'ai tout de suite fait un rapport d'incident à ma hiérarchie et je me suis petit à petit éloigné du dossier", indique l'enquêteur face à la cour.
"Il voulait m'écarter du dossier"
Pendant sa déposition, Frédéric Péchier ne quitte pas du regard le policier, il semble agacé par ses déclarations.
L'avocate générale lit alors des insultes proférées par Frédéric Péchier contre l'enquêteur, à l'occasion d'un échange téléphonique entre Frédéric Péchier et son frère. Il parle alors de l'enquêteur comme l'"Enculé numéro 1" ou encore comme un "connard de carriériste de mes deux".
Cette même avocate générale évoque également des insultes visant la fille du policier, âgée de 17 ans à l'époque. "Pour moi, c'est une tentative de déstabilisation, il voulait m'écarter du dossier", assure le policier à la barre.
Devant la cour d'assises du Doubs, l'ancien médecin de 53 ans, qui nie les faits qui lui sont reprochés, fait face à plus de 150 parties civiles. Le verdict du procès est attendu le 19 décembre.