Charlie Hebdo: le livre posthume de Charb contre "les escrocs de l'islamophobie"

Charb, l'ex-patron de Charlie Hebdo assassiné en janvier, le 27 décembre 2012. - François Guillot - AFP
Charb s'exprimait sans détour et le titre de son ouvrage posthume, Lettre ouverte aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes, a une fois de plus le mérite de la clarté. Le directeur de Charlie Hebdo assassiné il y a trois mois par les frères Kouachi voulait répondre aux critiques incessantes contre son journal, accusé a minima par certains d'attiser les tensions avec la communauté musulmane en France, voire, par les plus critiques, d'être islamophobe. L'Obs publie, mercredi sur son site Internet, des extraits de cette réponse, légitimant pour Charb des provocations pleinement assumées.
La gauche et la droite critiquées à égale mesure
Charb, pour qui la liberté d'expression relevait du sacré, tape dans ces extraits produits par l'hebdomadaire, autant à droite qu'à gauche. Il dénonce ainsi, une "libération de la parole raciste par Nicolas Sarkozy". "Ils se mettent à dire publiquement ce qu'ils se contentaient jusque-là de beugler, à la fin des repas de famille trop arrosés".
A sa gauche, la critique formulée par Charb est tout aussi acerbe, presque pire en réalité. L'éditorialiste vilipende, sous couvert d'une prétendue "susceptibilité musulmane", une "discrimination". "Il serait temps d'en finir avec ce paternalisme intellectuel dégueulasse de l'intellectuel bourgeois blanc 'de gauche'", assène-t-il.
"L'islamophobie est un racisme"
"L'islamophobie n'est pas le nouvel antisémitisme", analyse aussi Charb qui distingue les ressorts de causes de ces deux maux. Ainsi, concède-t-il, "avoir peur de l'islam est sans doute crétin, absurde et plein d'autres choses, mais ce n'est pas un délit". Le problème, selon lui, ne vient pas des textes sacrés, qu'il écorne au passage comme "soporifiques, incohérents et mal écrits" mais "le fidèle qui lit le Coran ou la Bible comme on lit la notice de montage d'une étagère Ikea".
Poursuivant de poser les limites d'une comparaison entre le radicalisme des juifs orthodoxes et celui des terroristes islamistes, Charb tranche: " Non, l'islamophobie n'est pas le nouvel antisémitisme. Il n'y a pas de nouvel antisémitisme, il y a ce vieux, hideux et immortel racisme. Un racisme dont sont victimes des populations d'origine musulmane."
Mercredi 7 janvier 2015 en fin de matinée, douze personnes avaient été tuées au cours d'une fusillade au siège de Charlie Hebdo dont les dessinateurs Charb, Cabu, Wolinski et Tignous. Les assaillants avaient crié "on a vengé Mahomet" avant de prendre la fuite. Le journal satirique avait publié des caricatures de Mahomet en 2006, 2011 et 2012.