"Charlie Hebdo" enterre son patron, Charb

Le maire de Pontoise rend hommage à Charb, vendredi 16 janvier. - Martin Bureau - AFP
Charlie Hebdo continue d'enterrer ses morts. Après Cabu mercredi, les dessinateurs Wolinski et Tignous, la psychiatre Elsa Cayat, l'économiste Bernard Maris et le policier Franck Brinsolaro, garde du corps de Charb, jeudi, les cérémonies et hommages aux victimes de l'attentat contre Charlie Hebdo se poursuivent.
Vendredi, c'est le patron du journal, Charb, qui est enterré, ainsi que le dessinateur Honoré et le correcteur du magazine, Mustapha Ourrad. Un hommage de la ville de Pontoise a commencé à 10 heures en l'honneur de Stéphane Charbonnier, qui était originaire de cette ville du Val d'Oise.
La cérémonie se déroule au Hall Saint-Martin, dans la stricte intimité. Deux écrans géants ont été installés à l'extérieur de la salle. L'inhumation aura lieu dans le cimetière de la ville.
Placé sous protection policière
De son enfance à Pontoise, entre un père technicien des PTT, une mère secrétaire chez un huissier de justice et un grand-père adhérent au FN, Charb disait: "Je me suis un peu marré, pas trop. Je me suis un peu fait chier, pas trop. Je n’ai souffert de rien, je ne me suis réjoui de rien". Très engagé à gauche, le dessinateur satirique, directeur de la publication de Charlie Hebdo depuis le départ de Philippe Val, avait collaboré à L'Echo des Savanes, Télérama, Fluide Glacial et L'Humanité.
En novembre 2011, les locaux de Charlie Hebdo avaient été incendiés par des jets de cocktails Molotov et le site web piraté, alors que le journal s’apprêtait à publier des caricatures montrant notamment Mahomet dans l’hebdo rebaptisé pour l’occasion "Charia Hebdo". Charb, ainsi que Riss, directeur de la rédaction blessé dans l'attentat, et le dessinateur Luz, auteur des caricatures, avaient été placés sous protection policière. "En un an, on a épuisé une vingtaine de gardes du corps" s'en amusait-il en 2012 dans Le Monde.
"Je t'en veux, Charb"
Charb se doutait-il que la polémique se poursuivrait, même après sa mort? Dans L'Obs paru mercredi, Delfeil de Ton, ancien collaborateur de Charlie Hebdo, exprime son chagrin, mais aussi sa rancœur contre le dessinateur. "Je t'en veux, vraiment, Charb", rage le chroniqueur. "Quel besoin a-t-il eu d'entraîner l'équipe dans la surenchère?" s'interroge-t-il. Un texte qui a indigné Richard Malka, l'avocat du magazine satirique. "Charb n'est pas encore enterré que L'Obs ne trouve rien de mieux à faire que de publier sur lui un papier polémique et fielleux", a écrit l'avocat à Mathieu Pigasse, l'un des actionnaires de L'Obs. Stéphane Charbonnier avait 47 ans.