Un ancien de Charlie Hebdo reproche à Charb ses provocations

Un ancien de Charlie Hebdo reproche à Charb "d'avoir entraîné l'équipe dans la surenchère". - Fred Dufour - AFP
"J’ai trop de peine", raconte Delfeil de Ton dans l’Obs paru mercredi. Cet ancien de Charlie Hebdo, chroniqueur à l’Obs depuis une quarantaine d’années, connaissait bien les victimes tuées par les frères Kouachi au siège de Charlie Hebdo. Delfeil de Ton pleure notamment son ami Wolinksi, le dessinateur de 80 ans. "Quand sa mort a été confirmée, mes bras se sont mis à trembler", écrit le chroniqueur.
Mais derrière le chagrin, Delfeil de Ton garde de la rancœur contre directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, Charb. "Je t’en veux vraiment, Charb", rage le chroniqueur qui dresse un portrait sévère du dessinateur. "Je ne lui cachais pas ce que je pensais de lui (…) Ce gars était épatant", retrace Delfeil de Ton avant d’ajouter "c’était une tête de lard".
Des provocations de Charb
Le chroniqueur regrette surtout les provocations de Charb. "Quel besoin a-t-il eu d’entraîner l’équipe dans la surenchère?" s’interroge-t-il. Il évoque alors le premier attentat qui avait frappé le journal en 2011. Le siège de Charlie Hebdo avait été incendié, après la publication du numéro intitulé "Charia Hebdo".
Delfeil de Ton rapporte des propos que Wolinski lui aurait tenu: "Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. (…) On fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous. Il ne fallait pas le faire". Pourtant Charb a "recommencé", lui reproche Delfeil de Ton. En 2012, Charlie Hebdo publie de nouvelles caricatures de Mahomet, condamnées par plusieurs instances religieuses et des politiques.
Mise en danger des membres du journal
Le chroniqueur reproche au directeur de la publication d’avoir pris des risques et mis en danger ses collaborateurs. Le Monde rapporte que l’avocat de Charlie Hebdo, Richard Malka a envoyé un texto indigné à Matthieu Pigasse, l’un des actionnaires de L’Obs. "Charb n’est pas encore enterré que L’Obs ne trouve rien de mieux à faire que de publier sur lui un papier polémique et fielleux".
Interrogé par le quotidien, Delfeil explique qu’il n’est "pas près de l’ouvrir à nouveau sur le sujet" et précise que L’Obs a mal titré son article, intitulé "Fais-moi mal ‘Charlie’!". L’auteur indique qu’il se rendra aux obsèques de Wolinksi, ce jeudi. Les derniers mots de l’article s’adressent malgré tout à Charb. "Paix à ton âme" écrit-il.