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"Le pronostic était peu favorable": pourquoi les sauveteurs ont décidé d'euthanasier le béluga

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Le cétacé ne se nourrissait plus, il était d'une "maigreur extrême" et présentait "une condition musculaire insuffisante" pour pouvoir être relâché.

Le béluga coincé dans une écluse de la Seine depuis une semaine a dû être euthanasié ce mercredi, après son arrivée en camion à Ouistreham (Calvados), où les experts espéraient pouvoir le soigner avant de le relâcher en mer. Mais l'état très dégradé de l'animal avant les opérations d'extraction a stoppé tout espoir de relâchement.

"À l'issue du transport il a eu cette expertise qui a été menée et les vétérinaires nous ont conseillé de procéder à l'euthanasie de l'animal qui était trop affaibli pour être remis à l'eau", a expliqué Guillaume Lericolais, sous-préfet de la préfecture du Calvados lors d'une conférence de presse.

Il y avait "dès le départ peu de chance"

Il y avait "dès le départ peu de chance" que l'opération "aboutisse à un retour à la nature", a expliqué Florence Ollivet Courtois vétérinaire colonelle du SDIS 91. L'animal ne s'alimentait plus, "son état de maigreur était extrême" et sa graisse dorsale avait largement diminué, alors que c'est ce qui lui permet d'évoluer en milieu aquatique à basse température.

"Le pronostic était peu favorable, voire très défavorable", explique la colonelle.

Déjà mardi, l'opération d'extraction du béluga avait été qualifiée "d'hors du commun" par Isabelle Brasseur, membre de l'équipe du Marineland d'Antibes (Alpes-Maritimes). "C'est une opération qui est logistiquement extrêmement lourde, complexe, elle comporte un risque", expliquait également sur BFMTV Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France.

"Cet animal avait une condition musculaire insuffisante pour respirer convenablement, il a souffert d'insuffisance respiratoire, donc nous avons considéré que son état n'était pas compatible avec un relâchement", explique encore Florence Ollivet Courtois.

Est-il mort à cause du transport ?

Ce mode de transport par la route présentait des risques, car "même si les dauphins sont transloqués assez régulièrement entre les delphinariums, il y a un taux de mortalité qui est important, et là on est sur un individu qui est affaibli", avait prévenu Lamya Essemlali, concédant toutefois que cette option était "ce qu’il y avait à la fois de plus rapide mais aussi de moins stressant pour lui".

"Les examens préliminaires que l'on a pour l'instant nous indiquent que de toute façon sa survie dans l'endroit où il était impossible", explique également Florence Ollivet Courtois. "On a de premiers éléments d'infection, notamment orbitaire, qui nous font penser que de toute façon ce n'était pas possible de continuer comme cela".

Elle rappelle que ce cétacé évoluant habituellement en eaux froides se trouvait dans une zone "à 25 degrés et dans une eau non-salée" et potentiellement polluée. "L'endroit dans lequel il était ne pouvait pas permettre sa survie". De plus la non-nutrition de l'animal remontait à "un état de fait très ancien. Il est arrivé en Seine avec une maladie qu'on n'a pas pu détecter mais qui est bien présente", ajoute la colonelle.

Une autopsie doit être menée pour identifier les causes de la mort du cétacé et les raisons qui ont pu l'amener dans la Seine. Les résultats pourraient éclairer les comportements de l'orque qui s'était introduit lui aussi dans la Seine le mois dernier.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV