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Verdun: les cimetières n'ont pas toujours été aussi silencieux

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La scénographie osée du centenaire de la bataille de Verdun, à savoir des jeunes courant entre les tombes au son des Tambours du Bronx, n'est pas du goût de tous. Mais au-delà de la polémique, les cimetières n'ont pas toujours été ces lieux d'absolue componction.

Fallait-il que des jeunes courent entre les tombes de la nécropole nationale Douaumont, dimanche, lors de l'hommage franco-allemand envers les victimes de Verdun? La polémique fait rage entre les défenseurs d'une scénographie osée et censée célébrer la vivacité de l'entente actuelle entre les deux anciens ennemis, et ceux qui fustigent l'indécence du procédé.

Ce sont bien entendu les partisans du contre qui se font le plus entendre. Sur BFMTV, Florian Philippot a fustigé un "jogging, une course" entre les tombes, rappelant que 700.0000 soldats gisaient dans ce lieu chargé d'histoire. Chez Les Républicains, l'indignation a aussi gagné les rangs. Ainsi et entre autres, un tweet de la députée Valérie Boyer, soutien de François Fillon.

Ce moment précis de la cérémonie en l'honneur du centenaire de la bataille de Verdun agace, voire choque.

"On ne court pas dans un cimetière, c'est un lieu de respect quelles que soient les croyances, quelles que soient les religions, ou non", a martelé l'éditorialiste de BFMTV, Apolline de Malherbe.

Mais pour ou contre, fustiger cette agitation est oublier que les cimetières n'ont pas toujours été ces lieux de seul recueillement.

Les cimetières lieux de vie?

Le cimetière du Père-Lachaise dans le 20e arrondissement de Paris, où sont enterrées de nombreuses personnalités, a ses rituels. Il s'agit de marquer la sépulture d'Oscar Wilde avec du rouge à lèvres, de déposer des tickets de métro et mégots sur la tombe de Gainsbourg, de lire du Baudelaire devant la tombe éponyme, de boire du whisky auprès de la dépouille de Jim Morrison...

Mais au-delà de ces anecdotes quelque peu clichées, prôner la componction n'a pas été toujours été de mise. Ainsi au Moyen Âge, les cimetières situés au cœur des villes et villages étaient des lieux de vie où s'organisaient foires, marchés, assemblées de justice... Des spectacles et jeux avaient également lieu, comme le rappelle cette chronique de l'ouvrage Naissance du cimetière. Lieux sacrés et terre des morts dans l'Occident médiéval de l'historien spécialiste de la période Michel Lauwers, dans un article du site scienceshumaines.com.

Cette vie au cœur de lieux pas encore consacrés va connaître un tournant au XIIe siècle avec un renforcement de la main-mise sur les cimetières et le développement d'une "pastorale de la mort".

"Le cimetière fut dès lors moins le lieu où les ancêtres confortaient les actes des vivants que celui, effrayant, où les vivants devaient contempler leur mort future", écrit l'universitaire.

Il n'était alors plus question de danser ou commercer dans ces lieux, réservés comme aujourd'hui exclusivement aux cérémonies funéraires. 

A l'étranger, la tradition d'un culte aux morts plus vivant perdure pourtant. Aux Philippines ou au Mexique, par exemple, la Toussaint s'apparente à une vraie fiesta.

D. N.