Un épicier breton, fan de Tolkien, poursuivi en justice par des Américains

L'ancienne enseigne de l'épicerie fine de Samuel Coatrieux à Morlaix, dans le Finistère. - Mappy
Sa passion pour le Seigneur des Anneaux et Bilbo le hobbit s’est finalement retournée contre lui. Il y a six mois, Samuel Coatrieux a ouvert une épicerie fine à Morlaix. En tant que fan absolu de l’univers imaginé par l’écrivain J.R.R. Tolkien, il a souhaité que son commerce lui ressemble et a décidé de le baptiser "Le Comptoir de Bilbon", en référence à l'un des héros de la saga littéraire. Mais l’emprunt de ce nom portait atteinte à la marque américaine Bilbo, selon les avocats français de la société.
"Je suis un fan absolu de l'œuvre de J.R.R. Tolkien, l'auteur du Seigneur des anneaux, depuis que j'ai 8 ans. Tous mes amis me surnomment Bilbon (le hobbit). Le clin d'œil me paraissait de bonne guerre!" explique Samuel Coatrieux au Télégramme.
Le pot de terre contre le pot de fer
Dans son magasin, décoré avec des photos et bibelots personnels à la gloire de ses héros, le morlaisien ne vend pas de produits dérivés, seulement des produits de premier choix dont certains portent une étiquette avec le nom de l’enseigne.
Samuel Coatrieux est pourtant certain d’avoir suivi scrupuleusement les règles pour ne porter atteinte à aucune marque que ce soit: "le seul emprunt que je me suis autorisé concerne, en effet, le nom francisé du héros de Tolkien, pour mon enseigne et certains étiquetages" détaille-t-il au journal local. Il même pris le soin d’inscrire plusieurs de ses produits à l'Institut national de la propriété industrielle (Inpi).
Le 9 février dernier, le commerçant reçoit un courrier d’un cabinet d’avocats parisien défendant, en France, les intérêts de la société de production américaine The Saul Zaentz Company. Les juristes mettent en demeure Samuel Coarlieux de changer le nom de son établissement, au vu de l’atteinte porté à la marque Bilbo. "Les avocats ont très probablement surfé sur mon site web et vu ce qu'ils ont pris pour des produits de contrefaçon. C'est l'artillerie lourde qui me tombait dessus! Et chez eux, pour tuer une petite araignée, on prend la Kalachnikov!".
L’enseigne change de nom
Malgré le soutien d’un avocat, Samuel Coatrieux a finalement baissé les bras, après un mois d’échanges écrits avec la partie adverse. L’épicier a abandonné toute référence à Bilbon dans le nom de son enseigne et a opté pour un sobre "Le Comptoir de Samuel". "J'aurais effectivement pu utiliser l'abréviation de Sam (comme Samsaget Gamgie, le fidèle jardinier de Frodon). Mais c'est déjà pris, et pas trop à l'image de ma clientèle" justifie le commerçant qui garde, malgré tout, son sens de l’humour. "Bilbon j'étais pour mes amis, Bilbon je resterai!"
Contactés par Le Télégramme, les avocats parisiens n’ont pas répondu. Et concernant l’Inpi, les représentants estiment qu’ils n’ont pas à commenter "un dossier contentieux pour l'instant toujours en cours".