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"Un enfant cherche la tendresse": tollé après les propos de l'abbé de la Morandais sur la pédophilie dans l'Église

Photo de l'abbé Alain de la Morandais, prise le 28 août 2011.

Photo de l'abbé Alain de la Morandais, prise le 28 août 2011. - Alain Jocard - AFP

"Souvent ce sont des gamins en frustration de tendresse. Ils vont chercher de la tendresse", a déclaré l'abbé de la Morandais, à propos des agressions sexuelles et viols commis sur des enfants dans l'Église catholique.

L'abbé Alain de la Morandais, interrogé sur les scandales de pédophilie dans l'Église, a affirmé que les enfants cherchaient "spontanément la tendresse", sur LCI ce lundi. "On a toujours l'impression qu'un viol, c'est de la violence. Au départ, je ne crois pas", a dit le curé médiatique de 83 ans.

"Dans les échos que j'ai eus, des confidences, un enfant cherche spontanément la tendresse d'un homme ou d'une femme (...) Et souvent ce sont des gamins en frustration de tendresse. Ils vont chercher de la tendresse", a poursuivi l'abbé. Ses propos ont été pointés du doigt par l'émission Quotidien et ont déclenché un tollé sur les réseaux sociaux. 

"Je condamne fermement"

Alors que la présentatrice lui oppose que la responsabilité est chez l'adulte, il répond: "Bien entendu. Mais le gamin il va chercher... Vous avez tous observé qu'un gamin, il vient, il vous embrasse sur la bouche", a-t-il continué, face aux "non, non, non", des autres invités. "Si, moi j'ai vu ça", a-t-il encore persisté.

"Je condamne fermement les propos de l'abbé de La Morandais", a réagi l'archevêque de Paris Monseigneur Michel Aupetit sur son compte Twitter, ce mardi.

"Si l’enfant cherche la tendresse, l’adulte qui répond par un viol est juste un monstre, a déclaré dans un tweet Juliette Méadel, ancienne secrétaire d'Etat en charge de l'aide aux victimes. "Plutôt que ces abjectes justifications, demandez-donc pardon à tous les enfants victimes de prêtres pédophiles. #inexcusable #scandale", a-t-elle poursuivi. 

Cela "ne reflète en rien ce que je pense"

"Une polémique est née de propos que j'ai tenus dans l'émission de LCI Audrey & Cie sur la pédophilie", a déclaré l'abbé mardi soir dans un message transmis à l'AFP par son éditrice." Des propos que certains ont interprétés comme une manière de dire que les enfants sont responsables du fléau dont certains d'entre eux sont victimes", selon lui.

"Je tiens à indiquer haut et fort que mon expression - confuse et incomplète, je le reconnais et le déplore - et la manière dont elle a été perçue ne reflètent en rien ce que je pense. Les agresseurs sont bien les adultes. Et les enfants des victimes innocentes", a-t-il poursuivi.

"Ayant à plusieurs reprises alerté et dénoncé moi-même différents comportements pédophiles au sein des institutions religieuses, ainsi que l'aveuglement ou les silences coupables dont la hiérarchie parfois les couvrait, je ne peux ni ne veux laisser croire que mon point de vue serait d'accuser les enfants d'une quelconque responsabilité. Je tiens aussi à m'excuser auprès de ceux que mes paroles ont pu blesser", a-t-il conclu.

D'autres propos problématiques

Dans la même émission d'LCI, l'abbé avait également déclaré avoir prévenu l'église d'abus dont il était au courant: "Quand j'ai prévenu on ne m'a pas écouté. Moi ça fait 22 ans que je préviens qu'il a des choses qui vont éclater. On n'écoute pas", a-t-il déclaré. Face à la question "mais vous n'allez pas voir la justice ?", il répond: "c'était des majeurs".

L'émission Quotidien a également diffusé des extraits d'une interview datée du 7 mars sur CNEWS, dans laquelle l'abbé de la Morandais met sur le même plan homosexualité et pédophilie. Alors que le présentateur déclare que la présence d'homosexuels dans l'Église catholique, parmi les prêtres et les cardinaux, n'est pas un sujet, l'abbé répond:

"Si, le sujet c'est la crédibilité morale de l'Église. Que ce soit la pédo-criminalité, que ce soit l'homosexualité... La morale sexuelle de l'Église!"

Salomé Vincendon avec AFP