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Sucres, nitrites, pesticides, additifs: nos yaourts épinglés

Sucres, sels, graisses, nitrites, pesticides, additifs... La revue 60 millions de consommateurs pointe du doigt une centaine de produits de grande consommation pour leurs aliments cachés et potentiellement dangereux.

Nature, aromatisé, allégé, aux fruits... Chaque Français consomme en moyenne entre 130 et 150 yaourts par an. En France, le yaourt est particulièrement réglementé. Les additifs - colorants, épaississants et conservateurs - sont normalement interdits, mais un décret autorise d'ajouter au lait fermenté des arômes et, dans la limite de 30% du produit fini, "sucres et autres denrées alimentaires conférant une saveur spécifique". 

"L'astuce, c'est de dire la denrée alimentaire que l'on incorpore dans le yaourt, c'est un mélange de fruits. Dans ce mélange de fruits, l'industriel met des additifs", explique à BFMTV Adeline Tregouët, rédactrice en chef des hors-série de 60 millions de consommateurs.

Dans un numéro à paraître ce jeudi, la revue s'attaque à l'industrie agroalimentaire en dénonçant "ces aliments qui nous empoisonnent" et en apprenant au consommateur à débusquer, marque par marque, sucres, sels, graisses, additifs, nitrites et pesticides cachés dans plus de 100 produits de grande consommation. 

"Quand on trouve jusqu'à 12 additifs dans un yaourt, ça surexcite les papilles, ça crée des phénomènes d'addiction. D'autre part, un lien a été fait entre la consommation d'une alimentation riche en additifs et le risque de cancer", poursuit Adeline Tregouët. 

22 morceaux de sucre dans un flacon de ketchup

Pour profiter des bonnes bactéries présentes dans les laitages, l'association recommande de consommer des yaourts nature et de vérifier l'absence d'ingrédients artificiels. 

Au-delà des épaississants et conservateurs, l'accusé numéro un est le sucre, souvent caché. Ainsi dans un flacon de ketchup Heinz de 70 g, on trouve huit tomates et 22 morceaux de sucre. Soit pour 20g de sauce, autant de sucre que dans deux petit-beurre de la marque Lu.

"80% du sel absorbé par les Français proviennent des aliments transformés. 70% des sucres sont ajoutés et cachés" indique la revue. 

La lecture du dossier est anxiogène, mais elle vise aussi à donner des armes et des clés au consommateur en rapprochant chaque produit d'une série d'études internationales, dont celle publiée début 2018 dans le British Medical Journal, établissant un "lien sérieux" entre nourriture ultratransformée et risque de cancer.

50 produits "à proscrire" à cause des additifs

Au chapitre additifs, 60 millions publie une liste de 50 produits "à proscrire", allant du E102 au E951. Cette liste a passablement énervé l'Ania (Association des industries alimentaires) qui a rappelé que les additifs "ont d'abord été introduits pour la conservation des aliments".

Au rayon viande, la revue détaille le "mécanisme pernicieux" du "trop de fer", ou comment, à trop forte dose, le fer contenu dans la viande rouge favorise l'apparition de cancers, notamment du sein pour les femmes. En résumé, la revue préconise pas plus de 500 grammes de viande rouge par semaine, soit 70 g par jour, et moins pour les femmes après 50 ans.

Tout est passé au laser. Même un outil destiné à améliorer l'information du consommateur et lutter contre l'obésité ou la diabète, comme le nouveau système d'étiquetage Nutriscore (basé sur les cinq lettres A,B,C,D,E, et un code couleurs) présente "quelques lacunes", selon la revue.

Mise en cause, l'Ania, qui représente 17.000 entreprises françaises du secteur agroalimentaire, a regretté un dossier qui ne fait selon elle "qu'alimenter les peurs" et assure que le secteur a fait "beaucoup d'efforts" dans le sillage des États généraux de l'alimentation "pour tenir ses engagements afin de parvenir à une alimentation plus sûre, plus saine et plus durable".

L.A., avec Margaux de Frouville, Nella Prod'homme, Loïc Gazar et AFP