"Rentrer en France, les armes à la main": le témoignage de Léon Gautier, héros français du débarquement

Il avait 21 ans le 6 juin 1944. Léon Gautier est l'un des 500 vétérans présents aux commémorations du Débarquement qui se déroulent en Normandie ce jeudi. Il appartenait au commando Kieffer, seule unité militaire française à avoir foulé les côtes normandes ce jour-là.
Rentrer en France "les armes à la main"
Aujourd'hui âgé de 96 ans, Léon Gautier appartenait aux 177 fusiliers marins des Forces française libres. Devant nos caméras, il raconte avec fierté et émotion ce jour où son chef, le capitaine Philippe Kieffer, lui annonça le débarquement à venir dans les toutes prochaines heures:
"Ecoutez, il y en a peut-être pas dix d'entre vous qui reviendront intactes. Celui qui ne veut pas partir, qu'il vienne me voir... Je ne lui en voudrai pas", avait déclaré le commandant. Personne n'est parti.
Depuis Warsash, près de Portshmouth (Grande-Bretagne), Léon Gautier se souvient que "son bataillon était content de rentrer en France, les armes à la main."
150 mètres à parcourir sous les balles et les bombes
Peu avant 8 heures ce 6 juin 1944, les barges atteignent le littoral français:
"On a les blockhaus en face de nous qui tirent vers la mer. À ce moment, vous ne pensez pas, vous faites votre boulot. Vous savez ce que vous devez faire, vous y allez", nous explique le nonagénaire.
Lorsque le commando touche le sol, les soldats n'ont que 150 mètres à parcourir avant de s'abriter dans les ruines d'une colonie de vacances. 150 mètres qu'ils doivent traverser sous les balles et les bombes.
Guerre de positions
Cinq de ses camarades perdent la vie ce matin même, cinq de plus dans la journée. La ville de Ouistreham, où Léon Gautier réside toujours, est libérée dès 11h30. Les Forces françaises libres combattent ensuite pendant plusieurs semaines les troupes allemandes, dans une guerre de positions.
Du commando Kieffer, il ne reste que trois hommes encore en vie: Jean Morel, Hubert Faure, et Léon Gautier. Ils rencontreront tous les trois Emmanuel Macron ce jeudi. Mais la plus grande fierté de l'ancien combattant est son petit-fils, qui a lui aussi coiffé le béret vert des commandos.