Russie, Egypte, Jordanie... Ces pays qui ont déjà interdit les Frères musulmans

Drapeaux des Frères musulmans durant une manifestation en Jordanie. - KHALIL MAZRAAWI
Un rapport présenté ce mercredi 21 mai à l'Élysée en Conseil de défense pointe une "menace" du mouvement des Frères musulmans "pour la cohésion nationale". Depuis les réactions se multiplient.
Des appels à interdire cette confrérie islamique fondée en 1928 en Égypte sont lancés. Comme par le président du Rassemblement national Jordan Bardella ou par le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, invité de BFMTV ce mercredi. Même son de cloche du côté du patron des députés LR, Laurent Wauquiez qui avait demandé, avant la diffusion du rapport, que cette confrérie soit classée comme "terroriste" et ainsi interdite.
La Jordanie, dernier pays à prononcer une interdiction
Plusieurs pays ont classé les Frères musulmans comme organisation terroriste. À commencer par la Russie en 2003. Dix ans plus tard, l'interdiction du mouvement, qui prône la fusion du religieux et du politique, s'est multiplié dans le monde arabe.
Dans le sillage des contestations du Printemps arabe, Bachar al-Assad a banni les Frères musulmans de Syrie en 2013 alors que la guerre civile déferle dans le pays depuis deux ans. Le dictacteur syrien craignait un scénario similaire à celui des Égyptiens.
Les Frères musulmans ont décroché le pouvoir en Égypte en 2012 en portant à la présidentielle Mohamed Morsi, leur candidat du Parti de la liberté et de la justice. En 2013, ce dernier a été renversé par un coup d'État militaire. Son successeur Abdel Fattah al-Siss a interdit le mouvement des Frères musulmans et a mené une répression meurtrière contre ses membres.
L'année suivante en 2014, trois autres pays ont emboîté le pas en désignant officiellement ce mouvement comme terroriste: l'Arabie saoudite, le Bahreïn et les Émirats arabes unis.
La Jordanie a été le dernier pays à interdire les Frères musulmans en avril dernier les accusant de déstabiliser le pays et de se doter d'armes. "Il a été décidé d'interdire toutes les activités des soi-disant Frères musulmans et de considérer toute activité (de leur part) comme une violation des dispositions de la loi", a déclaré le ministre de l'Intérieur Mazen al-Faraya. "Tous les bureaux" utilisés par le mouvement, "même en partenariat avec d'autres organisations", seront fermés, a-t-il ajouté.
Le mouvement sur liste noire en Autriche
En Europe, l'Autriche a fait un premier pas en ce sens en interdisant en 2021 d’afficher ou de porter les symboles des Frères musulmans ainsi que leur littérature, sous peine d'une amende de 4.000 euros et d'un mois de prison. Vienne a classé le mouvement sur sa liste noire des "groupes extrémistes liés à la criminalité à motivation religieuse".
Cette décision a été prise après l'attentat islamiste de Vienne qui a fait quatre morts en novembre 2020. Le gouvernement autrichien avait promis de "combattre l'islam politique" considéré comme "le terreau du terrorisme". À noter que le terroriste austro-macédonien avait prêté allégeance à l’organisation Daesh et n’avait aucun lien connu avec les Frères musulmans.
Sur le Vieux Continent, interdire le mouvement est entravé par le fait qu'aucune organisation ne se revendique officiellement des Frères musulmans. Il s'agit davantage d'une mouvance qui exerce son influence.
En France, la Fédération des Musulmans de France, qui a succédé en 2017 à l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), est présentée dans le rapport comme "la branche nationale des Frères musulmans en France". Toutefois, "aucun document récent ne démontre la volonté de Musulmans de France d'établir un Etat islamique en France ou d'y faire appliquer la charia", précise-t-on. La fédération de son côté a "fermement" rejeté cette "allégation".
Emmanuel Macron a demandé au gouvernement de formuler des mesures d'ici début juin face à la "gravité des faits" exposés dans le rapport consacré aux Frères musulmans.