Prison : des aumôniers musulmans pour lutter contre l’extrémisme

La prison de Fleury-Merogis - -
Ils rentrent en prison pour un délit mineur, ils peuvent en ressortir islamistes fanatiques. En France, de nombreux spécialistes s’accordent à dire que la prison peut être un lieu de radicalisation. Des détenus, souvent peu pratiquants à l’extérieur, se tournent vers l’islam une fois en prison, reprenant la religion de leurs parents. Et pour lutter contre des prédicateurs autoproclamés, l’institution pénitentiaire envoie des aumôniers musulmans, au même titre que les aumôniers juifs et catholiques. Problème : ils ne sont pas assez nombreux et manquent de préparation.
« Un aumônier pas qualifié peut accentuer les problèmes »
« Il faut une formation préalable, car il joue le rôle de l’imam, explique Abdelhak Eddouk, aumônier à la prison de Fleury Mérogis dans l’Essonne. Il faut connaître les sciences islamiques, mais aussi comment on vit en France. Et ce n’est pas parce qu’on a un manque qu’il faut mettre n’importe qui », s’inquiète-t-il. Pour le moment, seule la Grande Mosquée de Paris propose une formation des aumôniers, mais la formation s’adresse aussi bien aux aumôniers des hôpitaux ou de l’armée, sans formation spécifique au milieu carcéral. « L’absence d’aumônier est un problème, mais un aumônier pas qualifié peut les accentuer. Il faut que les gens soient prêts à jouer ce rôle, on ne trouve pas ça chez monsieur tout le monde. Il y a un manque en France c’est une réalité, il faut l’affronter et ne pas chercher à faire de remplissage ».
« Un ancien détenu qui revient, c’est un échec »
Après une enquête très poussée du ministère de l’Intérieur, ces aumôniers sont autorisés à entre en prison et interviennent généralement 1 à 2 jours par semaine, avec un dédommagement entre 100 et 750 euros. Ils sont 151 en France pour répondre aux besoins, et ils devraient être trois fois plus, comparés aux 600 aumôniers catholiques. Pourtant, leur rôle est censé allé plus loin qu’un simple soutien spirituel. « Parmi nos fonctions, explique Farid Grine, lui aussi aumônier à Fleury-Mérogis, c’est que les détenus ne reviennent pas en prison. Quand je vois un ancien détenu revenir, je considère ça un peu comme un échec ». Pour le moment, les aumôniers reconnaissent qu’ils ne peuvent pas répondre à toutes les demandes. Certains détenus vont chercher leurs réponses ailleurs.