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Religions

Le pape François reproche à la France "d'exagérer la laïcité"

Le pape François à la basilique Saint-Pierre du Vatican le 15 mai 2016

Le pape François à la basilique Saint-Pierre du Vatican le 15 mai 2016 - Gabriel Bouys-AFP

Dans un entretien à La Croix publié ce mardi, le pape François a reproché à la France "d'exagérer la laïcité". Le souverain pontife a également estimé que les musulmanes devaient pouvoir porter le voile si elles le souhaitaient, tout comme la croix pour les catholiques. 

Avec la laïcité, la France en fait trop. C'est, en substance, ce qu'a déclaré le pape dans une interview au quotidien La Croix publiée ce mardi. Si le souverain pontife a dressé un portrait élogieux de l'Hexagone, saluant ses qualités intellectuelles dans son rapport au catholicisme, il a tout de même émis quelques réserves, désignant la France comme "la fille aînée de l'Église… mais pas la plus fidèle !"

"L'Eglise y possède une capacité créatrice. La France est aussi une terre de grands saints, de grands penseurs."

Il poursuit:

"En somme, voilà ce qui me fascine avec la France. D'un côté, cette laïcité exagérée, l'héritage de la Révolution française et, de l'autre, tant de grands saints."

"Une musulmane doit pouvoir porter le voile"

François a par ailleurs estimé qu'il était important que chaque croyant, quelque soit sa religion, puisse afficher des signes extérieurs de sa foi, débat qui a fait l'objet de vives polémiques ces derniers temps.

"Si une femme musulmane veut porter le voile, elle doit pouvoir le faire. De même, si un catholique veut porter une croix. On doit pouvoir professer sa foi non pas à côté mais au sein de la culture."

Il continue et persiste:

"La petite critique que j'adresserais à la France à cet égard est d'exagérer la laïcité. Cela provient d'une manière de considérer les religions comme une sous-culture et non comme une culture à part entière. La France devrait faire un pas en avant à ce sujet pour accepter que l'ouverture à la transcendance soit un droit pour tous."

"Les racines chrétiennes de l'Europe": du "colonialisme"

Le pape François a également évoqué les "racines" de l'Europe, encore une thématique qui suscite régulièrement la controverse. Il faut, selon lui, en parler "au pluriel car il y en a tant".

"En ce sens, quand j'entends parler des racines chrétiennes de l'Europe, j'en redoute parfois la tonalité, qui peut être triomphaliste ou vengeresse. Cela devient alors du colonialisme."

Lors de même entretien, le pape a annoncé un prochain voyage officiel en France, à l'invitation du président de la République, après l'élection présidentielle de 2017. Le séjour pourrait ainsi s'articuler autour de trois étapes. 

"J'ai reçu il y a peu une lettre d'invitation du président François Hollande (…). Je ne sais pas quand aura lieu ce voyage car l'année prochaine est électorale en France et, en général, la pratique du Saint-Siège est de ne pas accomplir un tel déplacement en cette période. L'an dernier, quelques hypothèses ont commencé à être émises en vue d'un tel voyage, comprenant un passage à Paris et dans sa banlieue, à Lourdes et par une ville où aucun pape ne s'est rendu, Marseille par exemple, qui représente une porte ouverte sur le monde."
C.H.A.