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"Le François asiatique": qui est le cardinal philippin Luis Antonio Tagle, cité parmi les grands favoris?

Le pape François s'entretient avec le cardinal Luis Antonio Tagle lors du Synode sur la famille, au Vatican, le 5 octobre 2015 (photo d'illustration).

Le pape François s'entretient avec le cardinal Luis Antonio Tagle lors du Synode sur la famille, au Vatican, le 5 octobre 2015 (photo d'illustration). - TIZIANA FABI / AFP

Qui sera le prochain pape? Parmi les favoris, se trouve le Philippin Luis Antonio Tagle. Âgé de 67 ans, il est surnommé par certains le "François asiatique" du fait de sa proximité avec les plus démunis. Famille, parcours, positions... Voici ce qu'il faut savoir sur ce cardinal, ancien archevêque de Manille.

À deux jours du début du conclave pour désigner le nouveau pape, les responsables et assistants du conclave prêtent serment de secret ce lundi 5 mai 2025. Ils promettent de garder secret ce qui sera dit et fait durant cette période.

De leur côté, les congrégations générales, qui permettent aux cardinaux de se rencontrer et d'échanger, se poursuivent. Ces réunions peuvent aider les cardinaux électeurs à orienter leur choix.

Issu d'un milieu modeste

Même si rien n'est prévisible d'avance, certains sont cités comme favoris dans la course à la papauté. C'est le cas du Philippin Luis Antonio Tagle, surnommé le "François asiatique", car il a des positions communes avec le défunt pape.

Le cardinal Luis Antonio Tagle assiste à une messe à la basilique Saint-Pierre du Vatican, le 30 avril 2025.
Le cardinal Luis Antonio Tagle assiste à une messe à la basilique Saint-Pierre du Vatican, le 30 avril 2025. © Tiziana Fabi / AFP

Âgé de 67 ans actuellement, l'ancien archevêque de Manille est une personne très importante aux Philippines, où 80% de la population est catholique. L'homme d'Église parle également couramment l'italien et l'anglais, ce qui n'est pas le cas de tous les favoris cités dans la presse.

Cet homme, qui vient d'un milieu modeste, est né dans la métropole de Manille, y a fait ses études, puis une grosse partie de sa carrière religieuse. Il a étudié et obtenu une maîtrise en philosophie, avant d'être ordonné prêtre pour le diocèse d'Imus en 1982.

Il a ensuite eu un doctorat en théologie, moins de 10 ans plus tard. En janvier 2001, il est nommé évêque du diocèse d'Imus et en octobre 2011, archevêque de Manille. À la fin du mois de novembre 2012, il devient cardinal.

Un homme d'Église proche du peuple et des plus démunis

Idéologiquement, Luis Antonio Tagle est présenté comme modéré. Il s'est positionné à plusieurs reprises contre certaines idées radicales de l'Église notamment sur les personnes homosexuelles, les divorcés ou mères célibataires.

Il est considéré comme un homme d'Église très proche du peuple et ressemble à François sur cela. D'après RFI, il avait l'habitude de se déplacer à vélo ou en bus lorsqu'il était prêtre et n'hésitait pas à aller chanter au karaoké, comme bon nombre de ses compatriotes.

Comme le pape François, il se place du côté des plus démunis, défend les plus vulnérables, les migrants et les marginaux. Il a d'ailleurs été président pendant 7 ans de Caritas Internationalis, une importante association mondiale.

Lui et le reste de l'équipe ont, néanmoins, été démis de leurs fonctions en 2022 après un audit qui pointait des "déficiences" dans la gestion et les procédures. À noter qu'il n'était pas directement impliqué dans les opérations quotidiennes, selon Ouest-France. Il est ensuite devenu pro-préfet du dicastère pour l'évangélisation.

La question des violences sexuelles dans l'Église

En revanche, il est critiqué par l'ONG américaine BishopAccountability, qui documente les faits de violences sexuelles sur des mineurs dans l'Église. La cofondatrice de l'organisation, Anne Barrett Doyle, a indiqué qu'il n'y avait aucune preuve reliant le cardinal à des rétentions d'informations sur des violences sexuelles.

Cependant, selon elle, Luis Antonio Tagle était archevêque de Manille durant une "période sombre" sur la question des violences sexuelles dans l'Église et qu'aucune directive à ce sujet n'a été publiée sur le site internet de l'archidiocèse de Manille ni sur celui de Conférence épiscopale des Philippines.

Pour autant, comme le souligne La Dépêche, il avait mis en cause un haut responsable de l'Église en 2019, sur la question des violences sexuelles.

"Notre absence de réponse à la souffrance des victimes, qui va même jusqu’à rejeter celles-ci (la religion) et à couvrir le scandale pour protéger les auteurs et l’institution, a blessé notre peuple, laissant une profonde blessure dans notre relation avec ceux que nous devons servir", avait-il déclaré.

On ignore, pour le moment, combien de temps va durer le conclave. Les deux précédents papes, Benoît XVI et François, avaient été désignés en moins de 48 heures. Reste à savoir si les 133 cardinaux électeurs sauront se mettre d'accord rapidement, ou non.

Astrid Bergere